Built to Spill – When the Wind Forgets your Name

Publié par le 6 septembre 2022 dans Chroniques, Toutes les chroniques

(Sub Pop, 9 septembre 2022)

Voilà un retour attendu qui fait du bien. Une de ces valeurs sûres en qui on peut toujours accorder une confiance aveugle. On a même une double caution des plus engageantes puisque Built to Spill se retrouve enfin à la maison, chez Sub Pop, lui le groupe du Nord-Ouest américain qui fait de l’indie rock depuis trois décennies et n’avait jusqu’alors rien sorti sur LE label qui s’est attaché à mettre en avant toute la scène « rock à guitares » locale. Pas même un petit single. Il était temps. Le groupe aussi commençait à nous manquer. Rien de neuf depuis Untethered Moon (2015), à l’exception du disque de reprises de Daniel Johnston, un peu anecdotique il faut bien le dire.

Les retrouvailles se déroulent à merveille avec ce « Gonna Lose » à la saveur du vieux classique qu’on connait depuis des lustres et qu’on va prendre soin de bichonner comme il se doit. A vrai dire, tout le début d’album n’est qu’enchantement (on vous met au défi de ne pas appuyer sur repeat sitôt « Fool’s Gold » terminé). Déjà, car c’est avec grand plaisir qu’on retrouve cette voix et ce jeu de guitare si singuliers. Avec eux, cette étonnante sensation d’une musique aussi spleenétique que chatoyante, entraînante et cafardeuse, simple et pourtant très riche. Ensuite, surtout, car les morceaux sont là (bon courage pour vous dépêtrer du refrain de « Understood »). Dans le plus pur style Built to Spill principalement, pour une bonne vieille leçon d’indie rock 90s increvable ; mais aussi de manière un peu plus déroutante à l’image du ravissant « Elements », presque dream pop, et cet improbable mais non moins réjouissant « Rocksteady » dans la foulée, qui semble avoir été enregistré à Kingston avec Sly Dunbar & Robbie Shakespeare. Comme si Doug Martsch avait fait ça toute sa vie. Les anti reggae/dub/rocksteady primaires se pinceront peut-être le nez. Tant pis pour eux.

Sly & Robbie n’ont pas participé à cet album. Doug Martsch s’est entouré de nouveaux copains brésiliens, João Casaes et Lê Almeida du très bon groupe psyché Oruã, et l’entente s’est révélée fructueuse. Les trois hommes parlaient le même langage musical et ça s’entend. Pour les remercier, il les a déjà lourdés. Il est comme ça, le Doug… Mais non, voyons. Nous sommes taquins. Loin de nous l’idée de dénigrer un artiste aussi intègre et talentueux. Il s’agit simplement de sa manière de fonctionner. Un bon moyen pour se remettre en question, chercher de nouveaux défis. Cela fait trente ans que ça dure, que Martsch change ses équipes et Built to Spill continue de gagner*. Notre impartialité légendaire nous force à admettre une légère baisse de régime en face b, mais on préfère voir le verre aux trois quarts plein. Et force est de constater qu’on est toujours aussi généreusement servi par ce type-là.

Jonathan Lopez

*Un rédacteur sans amour propre aurait glissé ici « Martsch et ça repart ! » mais il est évident que je ne peux me rabaisser à ça.

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