Trainfantome – Mature Immature

Publié par le 21 novembre 2018 dans Chroniques, Toutes les chroniques

(Influenza Records, 22 novembre 2018)

Voilà un artiste qui ne rebrousse pas chemin devant le premier obstacle venu. Tout seul chez lui, comme un grand, Olivier Le Tohic aka Trainfantome, a décidé de faire un disque. Sans tergiverser plus que de raison, il a appuyé sur REC et enregistré ce qu’il avait dans les tripes.
Bon, n’enjolivons pas trop le tableau non plus, le nantais s’est tout de même appuyé sur son entourage pour que son disque ne ressemble pas (trop) à un ensemble de démos sans prétention bricolées dans sa chambre. Pas moins de 9 batteurs se sont ainsi succédés derrière les fûts (en vrac, on trouve des gars de Bantam Lyons, TOTORRO, The Missing Season…) et 5 bassistes lui ont également prêté main forte. Et on peut dire que le bonhomme s’est bien démerdé tant les 10 morceaux qui composent ce Mature Immature conservent une certaine homogénéité dans le désordre, un certain agencement dans la créativité débridée.

Au fond, ce n’est pas très surprenant que Trainfantome ait tapé dans l’oreille du (très recommandable) label parisien Influenza Records (Wonderflu, Tennis Bafra, Polarbird, Pile, T-Shirt…), eux qui ne sont pas du genre non plus à attendre qu’on leur présente un projet tout cuit dans les pattes pour le mener à bien. Chez Influenza, le DIY on connait et on maitrise. Le son 90s, dont Trainfantome est fortement imprégné, on en raffole.

Il n’est pas impossible non plus que le label ait fait le rapprochement avec l’un de ses éminents poulains, Pile (from Boston, Massachusets), dont le chant grave et lancinant est parfois assez similaire (parallèle saisissant sur l’impeccable « Ghost » en ouverture, notamment). Pour le reste, Trainfantome propose un rock tendu tendance grungy (« One Trick Pony », « Frisbee ») et dispose en stock de quelques chouettes mélodies à chérir en ces rudes soirées hivernales (« David After Dentist » ou « Dictatorship Of Fun » et son intro très slowdivienne).

Un synthé malicieux vient parfois même s’immiscer sans qu’on ne trouve rien à y redire (« Sad Dance », « PluieVent »), et ce n’était pas forcément gagné (allez avouons, on est plus mitigé sur « Champ-pain »). Impossible d’achever le tour du propriétaire sans citer « Terror 404 » qui, dans le registre du bon vieux tube indie qui n’en a pas l’air, s’impose rapidement comme un incontournable (toujours avec ce petit synthé vintage bien senti que n’aurait pas renié Grandaddy).

Alors forcément, à l’heure du bilan, on se réjouit que le gars qu’on appelle Trainfantome ne soit pas resté cloîtré dans sa chambre à ruminer ses chansons et on espère qu’il sera épaulé d’acolytes réguliers sur son prochain disque. Mais s’il s’entoure uniquement de collaborateurs occasionnels comme ici, ça nous va aussi. La méthode a l’air efficace.

Jonathan Lopez

La release party de l’album aura lieu aujourd’hui, 22 novembre, au Bras de Fer (Nantes) avec Papier Tigre.

A noter que l’album sort sous forme de fanzine avec dessins, paroles, collages… et un code de téléchargement du disque. Si ça c’est pas DIY !

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