Pixies @ Olympia (Paris), 30/09/13

Publié par le 2 octobre 2013 dans Live reports

 

pixiesOn pouvait légitimement avoir quelques craintes avant ce concert. D’abord parce qu’il s’agissait d’un énième concert de reformation du groupe. Ensuite car le dernier EP (seule vraie sortie depuis Trompe Le Monde il y a… 22 ans) n’était – logiquement – pas aussi bon que ce que produisait les Pixies auparavant. Enfin et surtout parce que Kim Deal n’était plus de la partie, et ça c’est quand même rude.

Après une première partie (les Brothers of Two) sympathique, l’Olympia nous annonce qu’il “(n)ous offre 20 minutes d’entracte”. Quelle chance ! Une demie heure plus tard, le gros Black et sa bande débarquent et commencent en douceur avec l’introductif “In Heaven” suivi du nouveau morceau “Andro Queen”. Pas mal.
Le batteur David Lovering aura l’occasion de faire valoir son bel organe sur la toujours trippante (bien que niaise) “La La Love You”. Après quelques derniers morceaux un peu chiants (“Another Toe In The Ocean” particulièrement nulle), “No.13 Baby” remet un petit coup de fouet pour éviter qu’on ne s’assoupisse. Et le coup de fouet devient coup de massue avec  “Broken Face” sur laquelle on s’excite enfin pour de bon. Les valeurs sûres c’est quand même utile en concert.

On va quand même dire un mot sur la petite nouvelle : Kim Schattuck. Elle fait le job, c’est incontestablement une bonne bassiste et elle bouge bien sur scène mais… c’est pas Kim Deal. On s’en doutait mais c’est confirmé, elle a beaucoup moins de présence et hormis quelques chœurs de temps en temps elle se fait discrète. Or le génie de Pixies reposait en partie sur le mariage de ses deux voix (même si Deal était de plus en plus reléguée au second plan au fil des albums mais ça vous le savez puisque vous avez lu mon formidable article qui revenait sur toute la carrière du groupe). Donc là au moins la nouvelle Kim ne fait pas d’ombre à Black mais on a un peu l’impression d’assister à un concert solo du chauve (bien entouré certes et avec une bonne setlist). Fin de la parenthèse. pixies1 2
Et vous voyez tout ce temps où vous venez de vous dire “bon il nous fait chier à pas nous parler des morceaux, décidement il est casse-couilles ce chroniqueur” vous avez ressenti un peu la même chose que nous quand nous pensions “bon ça décolle quand ce putain de concert ? Lâchez les chevaux bordel !“. Car oui il y a eu de vrais instants de flottement avec des morceaux au rendu franchement moyen et d’autres dont on attendait beaucoup et qui furent bien décevants (“Debaser”, “Subbacultcha”). Ajouter à cela un son un peu brouillon et vous déduirez aisément que la déception était de mise.
Évidemment il y a quand même eu des très bons moments : l’enchaînement très punk “Broken Face”-“Crackity Jones”-“Isla de Encanta” en tête qui nous aura mis un bon coup de pied au cul. Et Black qui chante en espagnol, y a pas à chier on aime.

Mais difficile de rester bien dedans quand après une exaltation (“Is She Weird”) suivait un coup d’arrêt (“Something Against You” inexplicablement molle du genou). Ces hauts et bas incessants, cette désagréable sensation que le groupe est branché sur courant alternatif plombera l’impression d’ensemble. On aurait presque aimé pouvoir parfois appuyer sur next en espérant que la prochaine soit d’un autre acabit. Exemple : après un “Alec Eiffel” réconfortant, annonciateur que tout n’est pas perdu, arrive le nouveau “What Goes Boom” qui vient encore calmer les ardeurs. Next.

pixies2 2Guitariste de génie, Santiago n’a guère eu l’occasion de nous montrer l’étendue de son talent, semblant réciter sa partition assez tranquillement. Seul Lovering nous laisse une grosse impression à la batterie.

Sur “Tame”, on retrouve le Frank Black qu’on aime, celui qui gueule comme un demeuré et semble le faire avec conviction cette fois. Pas un mot pour le public, Black est fidèle à lui-même mais peut-être que ça aurait pu être l’occasion de réchauffer l’ambiance qui par moments aura frolé le calme plat. Un comble ! Finalement le moment le plus chaud sera lorsque le groupe nous quitte au moment du rappel. Là, comme si on s’était passé le mot, chacun s’est mis à beugler pour rappeler au quatuor qu’on n’en avait pas eu pour notre argent.

Le rappel mettra les points sur les i. Et laissera d’immenses regrets. Dès les premières notes de “Caribou” quelque chose se passe, une osmose, un truc inexplicable qui fait que ça y est on vit enfin le moment à fond. Ouf il était temps ! Dans un autre registre, “U-Mass” sera tout aussi jouissive et on gueulera avec bonheur “it’s educationaaal“. En guise de conclusion, alors que le public réclame “Hey” à corps et à cris ce sont les premiers accords de “Where Is My Mind” que se met à jouer Frank Black. Ah le salaud ! Le tube de toujours, joué au moment du rappel ne peut être que le dernier morceau (bien que la veille il ait été joué en tout début de concert). “Where Is My Mind” n’a jamais été et ne sera jamais mon morceau préféré des Pixies mais il fait clairement son petit effet et les frissons ne sont pas loin. Ce sera tout.

Merde alors. Pas de “Monkey Gone To Heaven”, pas de “Gouge Away”, pas de “Hey”, de “Motorway To Roswell” ni “Velouria” ou “River Euphrates”. On se doutait qu’on ne pourrait être comblés à ce niveau-là, le groupe ayant grandement remanié ses setlists à chaque date. Ceux présents la veille aurait sans doute préféré notre setlist et nous la leurs. Je crois qu’on aurait surtout préféré plus d’intensité, de continuité, moins de temps faibles.

Ce n’était certainement pas un mauvais concert mais il n’était absolument pas inoubliable non plus. Je suis trop jeune, c’est mon grand malheur. Je n’ai pas connu les Pixies quand ils étaient au sommet. À cette époque-là j’aurais sans doute été sur le cul. Là je reste sur ma faim.

 

JL

 

Line-up : Frank Black (chant, guitare), Joey Santiago (guitare), Kim Shattuck (basse), David Lovering (batterie).

Setlist : In Heaven (Lady In The Radiator Song), Andro Queen, The Holiday Song, Nimrod’s Son, La La Love You, Levitate Me, Another Toe In The Ocean, Indie Cindy, No. 13 Baby, Broken Face, Crackity Jones, Isla De Encanta, Cactus, Break My Body, Debaser, Mr. Grieves, Allison, Is She Weird?, Someting Against You, I Bleed, Dead, Subbacultcha, Distance Equals Rate Times Time, I’m Amazed, Bagboy, Alec Eiffel, What Goes Boom, Tame.

Rappel : Caribou, U-Mass.

Rappel 2 : Where Is My Mind ?

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *