The Lemonheads – The Lemonheads

Publié par le 15 décembre 2016 dans Chroniques, Incontournables, Toutes les chroniques

selftitled

(Vagrant, 2006)

En 2006, personne n’aurait parié un centime sur la reformation des Lemonheads. Séparés presque aussitôt après un Car Button Cloth néanmoins convaincant, 10 ans auparavant, et malgré quelques disques solos d’Evan Dando, le groupe de Boston est passé en une décennie de future nouvelle sensation à artistes dont le nom évoque vaguement quelque chose à ceux qui étaient jeunes à l’époque. Au milieu des années 2000, il faut être connaisseur pour se rappeler des Lemonheads, particulièrement pointu pour se souvenir de leur musique.

Dans l’indifférence quasi-générale, un peu comme leurs voisins de Dinosaur Jr, les têtes de citron jouent le jeu de la reformation. La différence majeure, c’est que ces derniers n’ont pas eu un line-up très stable depuis la fin des années 80, n’étant de fait que le groupe d’Evan Dando. Ainsi, quand on parle de reformation, il faut s’entendre : Dando choisit simplement de s’entourer à nouveau de musiciens et de bosser à trois plutôt que de le faire tout seul dans son coin. Et il décide également de faire appel à l’australien Tom Morgan qui a déjà offert quelques tubes au groupe, mais comme pour le précédent album uniquement pour ce qui est de la composition. Pour ce qui est du backing band, Dando recrute Bill Stevenson et Karl Alvarez des Descendents ; on fait pire.

Si on est triste de savoir aujourd’hui que cette reformation aura été de courte durée, il serait dommage de passer à côté de l’excellent album qu’elle a produit. Sobrement intitulé Lemonheads, celui-ci est un véritable retour en grâce pour Evan Dando, car s’il est malheureusement plus connu pour sa belle gueule et ses frasques avec la drogue, il prouve une fois de plus qu’il sait composer des pépites power pop comme il respire. Et si les mauvaises langues pourraient mettre en avant que “Become The Enemy” ou “No Backbone”, deux des titres les plus mémorables, ne sont pas de lui, son interprétation est irréprochable et sa voix, l’une des plus belles des années 90, est pour beaucoup dans leur efficacité. Musicalement, on est toujours dans de la power pop qui n’hésite pas à donner dans les tempos lents (“Become The Enemy”, “Baby’s Home”, “Let’s Just Laugh”) mais qui ne renie pas ses origines punk pour autant (“Poughkeepsie”, “Black Gown” ou “Pittsburgh”) sans jamais vraiment se défaire d’une certaine mélancolie. Tout en étant profondément pop, les morceaux peuvent aussi partir dans leurs petits délires bordélico-noisies comme le démontre le final “December”. Bref, on n’est dépaysé ni par le style ni par le niveau moyen. Par ailleurs, les thèmes abordés démontrent d’une certaine maturité, on a beau être dans un disque de power pop hérité des 90s, on n’est pas non plus dans la pure pop teenage. Et cerise sur le gâteau, J Mascis vient poser son petit solo sur l’excellente “Steve’s Boy” et “No Backbone”. Que demander de plus?

Les musicologues pourront dire que la power pop est un style mineur n’ayant engendré que des albums mineurs, et c’est peut-être le cas de celui-ci dans l’histoire de la musique. Il n’empêche que si vous êtes amateurs de ce type de rock 90s qui n’a pas honte d’aimer ses couplets-refrains et ses mélodies accrocheuses, les belles voix tout autant que les guitares bien cinglantes et le gros son, alors il est dommage d’être passé à côté de cet album des Lemonheads. Il serait encore plus dommage de passer à côté pour ses dix ans.

En 2016, Evan Dando et son groupe sont presque retombés dans l’oubli hormis pour une poignée d’inconditionnels acharnés. Plus personne ne miserait un centime sur leur reformation. Je croise les doigts pour qu’ils remettent ça…

BCG

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