Ty Segall + White Fence @ La Maroquinerie, 03/12/13

Publié par le 11 décembre 2013 dans Live reports

 

Du haut de ses 26 berges, l’ami Ty peut se targuer d’être l’un des grands bonhommes de cette année 2013 musicale. Le gars a quand même réussi à placer deux albums dans mon top 10 de l’année, excusez du peu (comment ça, ça lui fait une belle jambe ?).

Sa venue à la maroquinerie était donc attendue de pied ferme, avec une interrogation suscitée par son dernier album solo, le très apaisé Sleeper : allait-on avoir droit à une prestation acoustique tout en douceur ou à des décharges survoltées, auparavant sa marque de fabrique ? On aura la réponse un peu plus tard.

White fence

Auparavant, place à d’autres représentants du renouveau de la scène de San Francisco, White Fence, groupe qui a d’ailleurs collaboré avec Segall sur l’excellent album Hair en 2012. Emmené par son leader, le chanteur-guitariste Tim preysley, le groupe ne tarde pas à emporter l’adhésion du public grâce notamment à une énergie jamais prise en défaut et une large place laissée à l’expérimentation. Si Preysley n’est sans doute pas le plus grand chanteur de tous les temps (doux euphémisme), il régale avec sa six-cordes et White Fence se débrouille aussi bien dans un registre très punk se terminant sur une avalanche de bruit que dans des ballades enfumées façon Doors. De façon générale, le son vintage qui les caractérise leur va comme un gant et ne peut que propager la bonne humeur. A la fin de cette excellente mise en bouche, les sourires se lisent d’ailleurs sur tous les regards…

Le temps d’aller choper une autre pinte avec les potos du forum xsilence, on se recale dans les premiers rangs pour voir arriver Ty Segall, avec sa tignasse blonde et sa bouille d’ado (pas sans rappeler celle d’Andy Wood, vous savez l’ancien chanteur de Mother Love Bone, décédé d’overdose).

tyseg

Le concert débute sans surprise par les titres de Sleeper (joués dans l’ordre) dans une ambiance unplugged, à commencer donc par les somptueuses “Sleeper” et “The Keepers”. Segall a démontré avec cet album qu’il était plus qu’un petit gars énervé, il vient défendre ici ses talents de songwriter et séduit très vite par ses mélodies lumineuses.
Sur le refrain de “Crazy”, il laisse parler toute sa rage et subjugue l’auditoire. Autre morceau à l’encontre de sa mère avec qui il entretient des rapports pour le moins orageux, “She Don’t Care” est magnifiquement interprétée, tout comme la très touchante “Yhe West” en mode country survoltée. Entre temps, le final électrique de la décapante “The Man Man” (avec Ty à la batterie), avait botté quelques culs et laissé entrevoir la tempête à venir. Par la suite, Segall, sans pour autant quitter sa chaise, ira piocher dans son (très large) répertoire garage pour faire parler la poudre et pogoter la foule.

À l’image du trip reprise “Baby Did a Bad Bad Thing” de Chris Isaak enchainé avec “La Grange” de ZZ Top (mais c’est le même riff dis donc !), Charles Mootheart, son acolyte de Fuzz, s’éclate comme un dingue et nous avec. Malgré quelques injonctions discrètes et subtiles du public (“PLAY SOME FUCKING FUZZ !”), Ty s’en tiendra à ses albums solo. L’enchainement parfait “Caesar” -“You’re The Doctor”-“Ghost” met tout le monde d’accord. Mention spéciale à cette dernière pour sa version étirée bigrement jouissive qui suscitera moult réactions de la part du public chaud comme la braise.ty seg2

Les classiques “Girlfriend” et “Sad Fuzz” clôtureront (presque) cette fort belle soirée qui est passée à la vitesse de l’éclair. Nous foutre autant la trique en restant assis tout du long ça force le respect. Tant qu’à faire, on aurait aimé un duo avec White Fence pour finir mais au lieu de ça on aura droit à une reprise de Love (“Live and Let Live”). Chouette à défaut d’être tout à fait renversant.
S’il restait des indécis à convaincre, cette soirée aura été l’implacable démonstration que la scène rock de San Francisco se porte comme un charme et de la réjouissante émulation qui existe entre ses fers de lance. Pour Segall, la consécration n’est sans doute pas loin. S’il continue à aligner les excellents albums comme des perles (au rythme de 2 ou 3 par an) et à livrer des prestations comme celle-ci, Segall ne sera plus seulement un des leaders de la scène de San Francisco mais de la scène rock mondiale toute entière. Ty patron.

 

JL (merci à Ryad pour les photos)

 

Setlist : Sleeper – The Keepers – Crazy – The Man Man – She Don’t Care – 6th Street – Sweet C.C. – For Those Who Weep – The West – Queen Lullabye – Die Die Die – Caesar – You’re The Doctor – Ghost – You Make The Sun Fry.
Rappel : Girlfriend – Sad Fuzz – Live and Let Live (Love cover).

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