Emboe – The Covers EP

Publié par le 9 janvier 2016 dans Chroniques, Toutes les chroniques

the covers epOn aurait pu croire à une vanne.

Pour boucler cette “drôle” d’année, Emboe a offert à tous un EP de 3 titres. Trois reprises de trois groupes très différents les uns des autres : [Kataplismik] (dont on vous a déjà dit grand bien), Sonic Youth (dont on ne peut penser que du bien)… et Rihanna (dont on ne vous dira jamais rien) !

Étrange cocktail me direz-vous ? Pas tant que ça quand on connaît un tant soit peu le bonhomme qui se cache derrière le nom d’Emboe. Emmanuel Boeuf de son prénom (et là tout de suite vous comprenez mieux le nom de son projet), ancien guitariste de feu Sons Of Frida, de No.On et actuellement de Dernière Transmission, respire musique, bouffe musique, chie musique (sans doute du Rihanna). Et si la noise est sa religion, le monsieur est trèèès éclectique. Mais rassurez-vous le monsieur a bon goût. Et ça s’entend très vite sur cet EP (et sur bon nombre de ses autres projets).

La reprise de [Kataplismik], “Turbulences” un peu plus anecdotique que les deux titres suivants, sert d’intro à cet EP et nous met immédiatement dans le bain. Ou plutôt dans la tempête.

Car l’orage gronde et les drones brouillent les pistes mais derrière le fatras de guitare les mélodies s’échappent. Avec une mélodie comme celle de “The Diamond Sea”, difficile de faire un mauvais morceau me direz-vous. On peut le voir comme ça mais on peut aussi penser que remettre en question un tel monument, oser toucher, manipuler ce qui semble parfait et immuable pour y apporter sa touche personnelle, c’est assez couillu (précisons au passage qu’Emmanuel Boeuf possède un mausolée Sonic Youth et qu’il se prosterne devant trois fois pas jour, ce qui ajoute à la complexité d’une telle reprise).

Donc oui, Emboe revisite “The Diamond Sea”, le cradifie bien comme il faut en le noyant sous d’épaisses couches de disto… et lui offre une seconde vie des plus réussies. Et si, comme un Robert Smith qui adoube la reprise de son “Just Like Heaven” par Dinosaur Jr., Thurston Moore (ou n’importe lequel de ses éminents ex-comparses) se prenait d’affection pour celle-ci ? On serait en tout cas curieux d’avoir sa réaction. Thurston si tu nous lis, on peut t’envoyer ça (et t’interviewer aussi, au passage).

En revanche, Rihanna sache qu’on s’en fout pas mal de ta gueule et de tes disques, mais sache aussi que ce Dirty Karaoke Mix de ton “Diamonds” est, d’abord, très drôle, mais aussi très bon. Allez avouons, la mélodie de “Diamonds” en soi, est plutôt bien trouvée dans le sens où elle vous reste collée aux basques comme un vieux chewing-gum dégueu. Certes. Mais là, ce bougre d’Emmanuel Boeuf lui donne une profondeur insoupçonnée non pas par sa voix sensuelle (peut-être enregistrée un soir de cuite huhu) mais par la réinterpretation totale qu’il en fait à grands renforts de larsens et d’un synthé discret qui complète parfaitement le tableau. De quoi souhaiter une reconversion de Rihanna en noisy girl.

Vanne ou pas, The Covers EP nous aura bien éclaté et prouvé qu’à partir d’une mélodie efficace, même si celle-ci est initialement recouverte d’un horrible vernis appelé formatage, on peut en tirer la substantifique moelle pour en faire un délicieux breuvage. Pour ça, il faut quand même du talent.

On a hâte d’entendre le second volume de covers. Et si on se calque sur le premier modèle, voici nos souhaits de groupes à reprendre : Frustration, Jesus Lizard et Francky Vincent. Vas-y Manu t’es bon !

JL

Allez-y ruez-vous dessus, c’est gratuit. Et si l’envie vous prend de récompenser un vrai passionné, n’hésitez pas à lui envoyer des sous, il le mérite et a sans doute une wishlist de 500 albums pour compléter sa collection…

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