Johnny Cash at Folsom Prison (Columbia)

Publié par le 10 janvier 2013 dans Chroniques, Incontournables, Toutes les chroniques

johnny_cash_-_at_folsom_prison_-_a« Hello, I’m Johnny Cash ». Voilà comment commençait tous ses concerts. Mais ceux du 13 janvier 1968 (il en donna deux dans la même journée) ont évidemment une saveur particulière. Ils sont peu à avoir pris le risque de donner un concert dans un pénitencier. Johnny Cash a gagné son pari et se donne en spectacle à des taulards qui n’ont pas souvent l’occasion de taper du pied sur le sol en rythme.

Joli pied de nez à l’histoire lui le rebelle qui sort de graves problèmes d’addiction à la drogue et a toujours évité les séjours au trou de peu (il n’y a jamais passé plus d’une nuit), a choisi de s’y rendre de son plein gré pour venir divertir des hommes considérés comme des parasites de la société.

« Folsom prison Blues » pour commencer, quoi de plus logique ? Son premier grand succès, formidablement entraînant, comprend quelques vers cultes qui font fureur (« and i shot a man in Reno just to watch him die. »).

Grosse ambiance. Le bonhomme est hyper charismatique et ne tarde pas à se mettre le public dans la poche. Il se marre au milieu des morceaux (« Dark as the Dungeon », « The Wall », « The Long Black Veil »), n’est pas avare en paroles et anecdotes. Il explique après l’interprétation de « Dark as the Dungeon » que le concert étant enregistré, Columbia Records lui a interdit de prononcer des « gros mots » comme « Hell » ou « Shit », ce qu’il ne se prive pas de faire. Rires gras et applaudissements nourris.

Le concert transpire la sincérité et constitue le témoignage ultime du talent de l’homme en noir. Ce projet lui tenait à cœur, il éprouve un grand plaisir à être là et ça s’entend.

Le rythme est effréné, Johnny balance ses hymnes country qui swinguent (« Cocaine Blues », « 25 Minutes To Go ») avec sa guitare sèche et son timbre inimitable. Il y ajoute parfois un harmonica endiablé (« Orange Blossom Special »).

Le héros d’un soir est sans cesse acclamé par le public qu’on imagine libéré par cette bouffée d’air frais, à défaut d’entrevoir les rayons du soleil. Il fait le pitre, l’audience se marre.

À mi-concert, Cash enchaîne trois ballades (« Dirty Old Egg-Suckin’ Dog », « Flushed From The Bathroom of Your Heart » et « Joe Bean ») qui font redescendre l’adrénaline mais certainement pas l’atmosphère, les détenus riant aux éclats toutes les deux phrases du frontman.

Sa future épouse June Carter est conviée sur scène et fait sensation lors d’un duo sémillant sur le classique « Jackson » qui met le feu. L’homme en noir joue ensuite au lover transi lors du touchant « Give My Love To Rose ».

Tout du long, Johnny pioche dans son répertoire où il est plus souvent question de flingues et drogues que d’histoires à l’eau de rose. Le thème de la prison est évidemment au centre de bien des morceaux du bad boy ce qui n’est pas pour déplaire au public (« Busted » – « arrêté » en français -, « I Got Stripes », « The Wall », « Green Green Grass of Home », « 25 Minutes To Go » qui raconte avec beaucoup d’humour les derniers instants d’un condamné à mort !).

Sur « Green, Green Grass Of Home », le ton est presque au recueillement avec ses chœurs façon gospel. Le dernier morceau « Greystone Chapel » a une saveur particulière puisqu’il fut écrit par le détenu Glen Shirley à Folsom Prison, transmis la veille à Cash par le pasteur de la prison. Présent au premier rang de l’auditoire, on imagine aisément toute l’émotion qu’a dû ressentir Shirley.

Johnny Cash renouvellera l’expérience à plusieurs reprises, notamment à San Quentin qui fit également l’objet d’une sortie CD. À l’écoute de ce disque on ne peut que féliciter Monsieur Cash pour son talent, son geste et son obstination pour obtenir gain de cause en immortalisant ce grand moment d’humanité et de musique.

 

JL

 

Écoutez “Folsom Prison Blues”
Folsom Prison Blues (Live) by Johnny Cash on Grooveshark

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