The Afghan Whigs @ Trabendo (Paris), 09/02/15

Publié par le 15 février 2015 dans Live reports

Si j’avais dû vous parler d’Afghan Whigs avant ce 9 février, je vous aurais certainement parlé d’un groupe talentueux, certes, sophistiqué, sombre et classieux (cf l’album des Gutter Twins), touche-à-tout, habile pour filer des ambiances, mais je n’aurais pas parlé d’un groupe de rock énergique et primal. Pourtant, c’est exactement ça que Greg Dulli nous a démontré pendant tout un concert.

Avec un line-up de 6 à 7 musiciens et des instruments type violon, violoncelle, claviers et percussions, on pouvait plutôt s’attendre à des pièces complexes à la limite du grandiloquent. Au contraire, c’est bien l’aspect essentiel de leurs compositions, et leur énergie que l’on a ressenti ce soir-là, appuyés par un son puissant, parfaitement maitrisé et l’incroyable performance de Greg Dulli que l’on n’imaginait pas avoir autant de présence et de charisme malgré son aspect de pizzaïolo avec de l’embonpoint.

Dès les premières notes de “Parked Outside”, après une bref intro instrumentale, on s’est donc pris en pleine gueule un bon gros concert de rock. Tous les morceaux s’enchainent avec une cohérence incroyable, malgré des changements d’ambiance assez fréquents. Quand Dulli prend le piano, on est porté par l’émotion, quand il fait monter le crescendo de “Crime Scene Part 1”, un des clous de la soirée avec tous les (trop peu nombreux) morceaux de Black Love joués ce soir-là, on est carrément transporté ailleurs. Et c’est un peu le propre d’un grand musicien ; pouvoir nous conduire où il le souhaite. Même les morceaux moins convaincants sur disque, comme le trop pop soupe “Algiers”, passent tout seul sur scène. Et surtout, quand Dulli prend sa guitare et qu’il nous lâche un bon gros riff, on se déchaine presque autant que les musiciens sur la scène, et c’est là finalement toute l’essence d’un concert de rock. Mention spéciale pour l’enchainement “John The Baptist”/”My Enemy”, tout bonnement imparable.

Comme si ce n’était pas déjà suffisant, le groupe se permet de glisser de nombreuses références, des bouts de reprises à ses morceaux. Ici, “Morning Theft” de Jeff Buckley pour introduire “It Kills”, “Tusk” de Fleetwood Mac qui complète “I Am Fire”, là une excellente incursion de “It’s Getting Better” des Beatles pour conclure “Lost In The Woods”. Cerise sur le gâteau, Dulli est très sympa, discute avec le public, lâche des blagues. Et, juste après “Debonair”, alors qu’il galère à accorder sa gratte et que quelqu’un dans le public lui lance “Don’t forget the alcohol”, il change de guitare et joue un couplet de “Miles Iz Ded” (dont c’est le refrain), juste pour le plaisir. Quand le concert s’achève sur “Faded” agrémenté d’une reprise de “Across 110th Street” de Bobby Womack, on ne peut qu’être conquis. Surtout, on se demande pourquoi, pourquoi les Afghan Whigs n’ont pas plus de succès ici, pourquoi ils ont peiné à remplir le Trabendo, pourquoi ils ne passent pas plus souvent en France (on pouvait même croire que Dulli déteste notre pays, et donc qu’il y ferait un concert lamentable. Même pas !).

Le même soir, Viet Cong passait au coin éphémère, ce qui a évidemment divisé les auditeurs de rock indépendant. Parmi ceux-ci, certains privilégieront toujours l’aspect indépendant de la chose, aller dans la plus petite salle, voir le groupe qui contradictoirement y fait le buzz avant qu’il ne soit trop gros non plus. Et puis, il y a ceux qui privilégierons plutôt l’aspect rock. Ceux-là sont allés voir Afghan Whigs ce 9 février, ou le regretteront longtemps. Seuls les vrais savent.

BCG

 

Setlist : Parked Outside – Matamoros – Somethin’ Hot – The Lottery – Crime Scene Part One – Turn On The Water – Coffee – Debonair – Miles Iz Ded (premier couplet) – Algiers – Royal Cream – I Am Fire/Tusk (Fleetwood Mac) – Gentleman – Morning Theft (Jeff Buckley)/It Kills – Can Rova – John The Baptist – My Enemy – Son Of The South/Roadhouse BLues (The Doors) – Lost In The Woods/Getting Better (The Beatles)

Rappel : Summer’s Kiss – Teenage Wristband (The Twillight Singers) – Across 110th Street (Bobby Womack)/Faded

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