Danger Mouse and Sparklehorse – Dark Night Of The Soul

Publié par le 5 mai 2013 dans Chroniques, Incontournables, Toutes les chroniques

danger-mouse-and-sparklehorse-dark-night-of-the-soul-500x500Drôle de destin que celui de cet album. Fruit de la collaboration du producteur Danger Mouse et de l’auteur-compositeur Mark Linkous (Sparklehorse), il a failli ne jamais voir le jour. C’eût été bien dommage.

Suite à un désaccord contractuel avec EMI, un sérieux blocus a en effet fortement contrarié la sortie de l’album, initialement prévue en avril 2008. Après moult rebondissements, le disque a fini par être livré gratos sur le net histoire de ne pas gâcher la belle œuvre.

D’autant que la liste d’invités longue comme le bras avait de quoi faire saliver. Car Danger Mouse et Mark Linkous voulaient faire les choses en grand. Et plutôt que de convier les péquenauds du coin ou des potes en mal de reconnaissance médiatique, ils ont fait appel à des pointures comme Iggy Pop, Black Francis (Pixies), Julian Casablancas (the Strokes), Jason Lyttle (Grandaddy) ou encore The Flaming Lips. Plus surprenante est la contribution de… David Lynch. Le génial réalisateur a en effet participé à deux titres et réalisé un livret de photos de 100 pages. Un livret commercialisé sur internet accompagnait un CD vierge pour se graver l’album préalablement téléchargé. Ou comment satisfaire les fans tout en la mettant profonde à EMI. Bien vu.

L’album s’ouvre sur “Revenge”, lente et sublime ballade tout en légèreté portée par la voix de Wayne Coyne des Flaming Lips. Un tel morceau offert à tous sur le net c’était déjà un sacré cadeau. Et ce n’est pas le seul moment fort de l’album.

Finalement les participations de Black Francis et Iggy Pop, aussi prestigieuses soient-elles, ne constituent pas le point d’orgue de l’album, loin s’en faut. “Angel’s Harp” et “Pain”, morceaux les plus rock de l’album, sont ainsi loin d’être inoubliables. Un peu lourdauds, ils font pâle figure aux côtés de la simplicité fulgurante de titres comme “Just War” et “Everytime I’m With You” où Jason Lytle se trimballe avec aisance sur une compo aérienne.

On oublie parfois un peu vite qu’un morceau entraînant équipé d’une mélodie imparable et d’un refrain entêtant, ça peut ressembler à la combinaison parfaite. La formidable “Little Girl” vient nous le rappeler. Un peu égaré avec ses Strokes, Julian Casablancas prouvait ici qu’il était toujours capable d’écrire de grandes chansons pour peu qu’il soit entouré de gens inspirés et créatifs.

La réussite de l’album tient aussi à sa diversité. Le duo travaille les textures et brille dans divers registres. Quand la clarté s’éloigne, l’efficacité demeure. Et on succombe tout autant à “Insane Lullaby” aussi planante que torturée (quand John Lennon rencontre Trent Reznor !) et “Dark Night Of The Soul” avec un David Lynch chantant au milieu des ténèbres. Atmosphère lugubre et irréelle ; on se croirait dans Twin Peaks. Voici une brillante conclusion.

On peut certes regretter que l’album marque un peu le pas sur la fin et râler que “Daddy’s Gone” ou “The Man Who Played God” ne soient finalement que de sympathiques morceaux pop qui ne resteront pas dans les annales. Mais tout cela est vite oublié quand on se repasse les meilleurs morceaux qui peuplent cette galette. L’album a fini par sortir officiellement en version physique le 12 mars 2010, soit trois mois après le suicide de Mark Linkous. Mieux vaut tard que jamais, paraît-il…

JL

Écoutez “Little Girl”

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