Elliott Smith – Roman Candle (Domino)

Publié par le 29 septembre 2014 dans Chroniques, Incontournables, Toutes les chroniques

Elliott-Smith-Roman-CandleElliott Smith se rendait-il compte, en publiant son premier album solo il y a 20 ans, du pavé qu’il jetait dans le rock indé ?
Difficile à croire, d’autant plus que cet album n’aurait même pas dû en être un, simplement une poignée de démos enregistrées fin 93 à l’arrache chez sa copine dans l’espoir de publier peut-être un 45 tours. A l’époque, Elliott officie chez Heatmiser, un groupe de rock bruyant qui ne bénéficie pas trop mal du succès de la scène de Seattle et de l’intérêt général pour le rock indé. D’ailleurs, on appelle plutôt ça du rock alternatif. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’Elliott, de son vrai nom Steven (peut-être en a-t-il changé à force d’entendre quelqu’un appeler son nom?*), s’y ennuie. Lassé de ce type de musique qui ne lui correspond plus, il rêve d’escapades intimistes.

C’est donc le mot d’ordre qui porte ces enregistrements qu’on imagine réalisés au plus profond d’un garage. Pour renforcer cet aspect intime, 4 morceaux sur les 9 se nomment “No Name” suivi d’un numéro, et Elliott Smith joue seul la quasi totalité des instruments. Enfin, en fait d’instrument, c’est une grosse majorité de guitares acoustiques, accompagnées par de discrètes guitares électriques, quelques notes de basse et percussion. Le tout servi par la voix marquante de l’artiste, entre chant et murmure, sauf l’instrumentale “Kiwi Maddog 20/20” qui clôt l’album.
Au niveau de la musique, la comparaison avec Nick Drake est si évidente et éculée que j’ai hésité à l’évoquer, mais on pourra également penser à Neil Young, à Simon & Garfunkel, ou plus généralement à n’importe quel chanteur/guitariste qui arrive à vous dresser les poils avec des mélodies de guitares bien foutues et une voix déchirante jusqu’à vous en donner des frissons.

La touche particulière de Roman Candle est avant tout son authenticité, du lo-fi poussé à l’extrême avant que le terme ne soit complètement galvaudé. Sachez que les bruits de la main qui se déplace sur le manche vous suivra presque tout le long. Pour le reste, il y a la qualité des compositions, extrêmement touchantes (“Condor Avenue”, “Roman Candle”, “No Name #2”, “No Name #1”  ou ma petite préférée “Last Call”) et la voix d’Elliott, qui justifieront totalement le succès du disque et surtout de sa carrière solo qui dépassera celui de Heatmiser. Au grand dam de ses anciens bandmates, mais après tout, quand c’est mérité…

Alors, envisageait-il en autorisant la maison de disque à publier ces quelques démos en 1994 que cela ouvrirait le chemin d’une des carrières les plus emblématiques (et tragique) que connaîtra le rock indé des années 90-2000? Difficile à dire, mais après tout peu importe. Quand on est en présence d’un talent aussi pur, on se tait, on profite, et on s’incline.

 

BCG

 

*Blague pourrie référencée, comprendra qui peut.

 

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