Acid Mammoth – Caravan

Publié par le 6 mars 2021 dans Chroniques, Toutes les chroniques

(Heavy Psych Sounds Records, 5 Mars 2021)

Ce 3e album d’Acid Mammoth, quatuor grec, débute par un petit rire inquiétant. C’était un avertissement bref. Pour la dérouillée à venir. Jusqu’ici mon début d’année musicale était plutôt parti sur des bases très (indie) pop. Bases désormais copieusement piétinées par le troupeau de mammouths de l’artwork du disque.

Découvert sur un top de fin d’année du côté du blog « La Planète du Stoner » que je conseille vivement (oh là le gars qui parle de la concurrence !), le groupe a atterri ensuite dans ma boîte mail via un communiqué de presse transmis par le rédac-chef de votre site préféré. Hasard ? Je ne crois pas. J’ai toujours une oreille qui se dresse à la première rythmique plombée. Spectacle fascinant que ce magma sonore qui avance inexorablement, implacable. La descendance de Black Sabbath prospère sous toutes les latitudes et perpétue les chocs telluriques. Acid Mammoth reprend les préceptes originels. Avec la section rythmique de pachyderme de rigueur. Le metal m’ennuie quand il joue la course à la vitesse et à la virtuosité. Le stoner, ou le doom, ou le sous-genre dans lequel vous choisirez de ranger ce groupe, me surprend toujours par cette faculté à mélanger une puissance de feu à faire trembler les murs et un rythme magmatique de fin d’éruption. Les guitares rougeoient sous l’effet de la saturation. La batterie sonne le glas, la basse avance menaçante. C’est lourd. Mais c’est lent. En 5 titres, Acid Mammoth ne va surprendre personne avec ce Caravan. On a l’impression d’avoir déjà entendu ça quelque part ailleurs et pas qu’une fois. Mais ce quatuor fait le job avec la détermination de l’animal qui charge. « Berseker », le titre le plus court (5 minutes) mais au tempo le moins lent, pose les bases du style. Le duo Babalis, père et fils, aux guitares, livre son lot de rythmiques lourdes, de riffs précis et de soli vagabonds. Le son est massif et granuleux comme un magma froid, aidé par une production des plus précises. Chaque accord plaqué résonne comme la marche cadencée du troupeau. Seules les guitares lorgnent vers les étoiles, s’extirpant habilement de ce mix heavy au gré de soli bien sentis (« Psychedelic Wasteland »). Je suis assis pour écrire cette chronique. C’est plus facile. Mais la double-pédale de la batterie de « Ivory Towers » me donnent une furieuse envie de me lever et de headbanger jusque chez Roselyne pour lui expliquer que ça ne va pas le faire, assis. Avec la délicatesse d’un troupeau de mammouths dans les couloirs du Ministère de la Culture. Et autant vous dire que les 11 minutes du passage de la « Caravan », ça peut faire un peu de dégâts. Intro massive, chant fédérateur sur le refrain, guitare lead lumineuse avec un combo solo + outro de classe. Rien à jeter. La bonne charge stoner qui ne va laisser que des cendres et… « Black Dust » pour finir, 9 minutes tout aussi emballantes (le solo) avant l’arrivée des autorités.

Voilà un disque qui fait du bien. Massif, monolithique peut-être, il offre pourtant la bonne dose de guitares plombées et de soli aériens que l’on attendait fébrilement en ce début 2021. Après une année 2020 déjà riche en matière de stoner (Lowrider, All Them Witches, Elephant Tree, et mes chouchoux Slift…). Mon rédac-chef m’a envoyé un nouveau communiqué de presse de Heavy Psych Sounds Records. C’est pas Roselyne qui en fait autant pour la culture.

Keep calm and listen to Stoner…

Sonicdragao

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