DISCO EXPRESS #21 : Kiss

Publié par le 11 mai 2022 dans Chroniques, Disco express

À l’opposé de notre rubrique sobrement intitulée « discographies » qui se veut objective, exhaustive et documentée, nous avons choisi ici de vous résumer chaque mois (ou presque) des discographies avec concision, après une seule réécoute (quand ce n’est pas la première !) de chacun des disques. Des avis tranchés, des écrits spontanés, plus ou moins argumentés avec une bonne dose de mauvaise foi et d’amateurisme. Cause hey, this is just music!

Kiss (1974) : J’avais un souvenir assez mitigé de cet album. Bien sûr, il y a les tubes et les quelques morceaux qu’on retrouve sur Alive! qui font le corps du disque et que je trouve globalement bons, mais pour moi, le reste n’était que remplissage. Et en fait, il n’y a que 2 morceaux que je trouve vraiment en-dessous, l’instrumental “Love Theme From Kiss”, le genre d’exercice qui me semble sans grand intérêt, et “Kissin’ Time”, reprise d’un hit 50s qui leur a été imposée par leur maison de disque. Le reste est du hard rock de bonne facture par un groupe qui a plus potassé ses classiques rock et pop que les grands noms du blues.

Hotter Than Hell (1974) : J’ai longtemps considéré Hotter Than Hell comme un album bâclé, fait avec les restes de l’inspiration du premier. En fait, la production du disque a certes été bâclée, mais les compositions sont étonnamment d’un assez bon niveau. La face A enchaine tous les singles et les classiques qui sont tous plutôt efficaces dans leur genre (même “Let Me Go Rock’n Roll”, qui me semblait nase), et la face B s’en sort honorablement. Il y a pas mal de bons riffs et de plans bien foutus, soit ce qu’on peut exiger de mieux d’un disque de hard-rock. Frehley, le guitariste lead et troisième homme des compos, propose trois chansons pas mal du tout. Le moins bon morceau est certainement “Mainline” qui n’a rien de honteux, avec un Peter Criss (le batteur) pas encore abonné aux ballades mièvres qui assure son tour de chant honorablement (même si on préférera “Strange Ways”).

Dressed To Kill (1975) : Finalement, je pensais que c’était mon préféré des trois premiers, et j’ai changé d’avis à la réécoute. Il n’y a toujours rien de honteux, mais je trouve la production un peu faiblarde et l’ensemble moins homogène. Déjà, l’album commence par des morceaux quelconques (même si “Room Service” reste sympathique) et le style des compositeurs commence à être de plus en plus marqué, ce qui donne parfois l’impression d’écouter les mêmes morceaux à peu de choses près. Mais les points forts du disque compensent plutôt bien ses défauts : Paul Stanley (guitariste rythmique) prend la main avec une fournée de compos pas mal du tout, Ace est au top de sa forme en tant que guitariste (l’ensemble du groupe semble en place et motivé, d’ailleurs), et on a droit à des titres qui sont dans le haut du panier : “Rock Bottom”, qui assure en couplant un morceau hard rock cliché mais catchy de Stanley avec la superbe intro de Frehley, “C’mon And Love Me” ou “She”. Et évidemment, l’énorme tube “Rock And Roll All Nite”, super gland mais tellement jouissif à chanter en chœur.

Alive!(1975)  : Finalement, si on ne devait retenir qu’un album de Kiss, ce serait celui-là. Sur ce disque live refait en studio, le son est enfin travaillé pour être puissant et ça profite énormément aux morceaux. On se retrouve vraiment dans la logique d’un concert de Kiss de l’époque, avec la setlist habituelle, le bruit des spots, le public à bloc et un groupe en pleine forme. Les morceaux joués forment un bon best of des trois premiers albums, et la manière dont ils s’enchainent permet d’éviter les temps morts. Seul bémol, le solo de batterie typique des concerts de hard de l’époque, qui pouvait être sympathique à voir sur scène mais se révèle assez chiant et inutile sur disque. Sorti de ça, on ne s’ennuie pas et on se prend plus d’une fois à reprendre les refrains en chœur ou remuer la tête sur les riffs. C’est tout ce qu’on attend d’un concert de hard, non ?

Destroyer (1976) : Là, Kiss sort le grand jeu avec un vrai producteur et pas des moindres, Bob Ezrin, qui leur applique plus ou moins la formule Alice Cooper : y aller à fond. De ce fait, le son est énorme, on entend des effets de partout, et l’ensemble gagne enfin en épaisseur, avec un gros travail sur l’ambiance. Le problème, c’est que si le côté too much (avec cordes et chœurs d’enfants) fonctionne à fond sur un groupe comme Alice Cooper qui a une formation musicale solide et une vision artistique bien précise, ça ne marche pas toujours avec Kiss. L’imagerie autour du groupe en sort grandie, aidée par l’excellente pochette de Ken Kelly, mais la musique n’est pas toujours à la hauteur. Certes, ça commence super fort avec l’irrésistible “Detroit Rock City” (qui n’a pas envie de chanter “Get Up!” “Get Down” et de bouger son popotin en entendant ça ?), “King Of The Night Time World” co-écrite avec le violeur pédophile Kim Fowley, ou la chanson ultime de Gene Simmons (le bassiste qui tire la langue et crache des flammes) écrite par Paul Stanley “God Of Thunder”, on a aussi ce qu’on n’avait en fait jamais eu jusque-là : du gros remplissage qui tâche. Plus précisément, un gros morceau de merde, “Great Expectations”, et deux trucs qui ne servent pas à grand-chose. On sent vraiment sur ces trois chansons l’influence d’Alice Cooper période Welcome To My Nightmare, mais en plutôt raté. 3 titres comme ça sur 9 morceaux, c’est un peu rude. La fin repart avec 2 tubes accrocheurs et “Beth”, la ballade ringarde de Peter Criss pour laquelle j’ai tellement de sympathie que je ne peux plus la juger. Honteuse et magnifique, cette chanson a été un des plus gros cartons du groupe, personne n’a jamais compris pourquoi.

Rock And Roll Over (1976) : Pour moi, c’était l’album de remplissage, celui qui surfait sur la vague Destroyer en essayant de rentabiliser le succès. Alors certes, il y a de ça avec la ballade “Hard Luck Woman” qui a certainement été foutue là avec le succès de “Beth” en tête, et un seul single (“Calling Dr Love”) qui surnage au milieu d’un lac de titres plus ou moins oubliés, mais en fait l’ensemble est plutôt cohérent avec des titres sympas (“I Want You”, “Ladies Room”, “Makin’ Love” et même le morceau hard rock de Peter Criss “Baby Driver”). Peut-être pas le disque qu’on retiendra du groupe, qui semble un peu en pilotage automatique, mais rien de honteux. Un bon album de hard rock de plus.

Love Gun (1977) : C’est le disque qui a le plus cartonné à sa sortie, certainement parce qu’il est sorti en pleine Kissmania. Niveau musique, il contient des tueries, notamment 3 de mes morceaux préférés de Kiss (“I Stole Your Love”, “Love Gun”, et “Shock Me”), mais aussi des choses beaucoup plus dispensables. Dans mon souvenir, il en était blindé. En fait, il n’y en a pas tant que ça (“Tomorrow And Tonight”, qui essaie de refaire “Rock n Roll All Nite”, mais sans y arriver aussi bien que “Shout It Out Loud” sur Destroyer, “Got Love For Sale” ou le single assez moyen “Christine Sixteen”). Le reste est plus déroutant, mais pas forcément raté, du genre “Almost Human”. Même “Hooligan”, le morceau rock de Peter Criss, n’est pas aussi mauvais que dans mon souvenir. Je revois même à la hausse “Plaster Caster”, chouette morceau power pop, et la reprise “Then She Kissed Me”, du girl group 60s The Crystals, qui fonctionne étonnamment bien. Au final, un disque plus intéressant que dans mon souvenir, même si je n’irais pas jusqu’à dire qu’il s’agit d’un chef-d’œuvre.

Alive II (1977) : On ne change pas une équipe qui gagne. Alive! a cartonné, alors on reprend le même groupe, le même concept et le même producteur, et ça devrait être aussi bien. Ben, pas tout à fait. Certes, le groupe a fait l’effort de ne reprendre aucun morceau qui était déjà sur le précédent live, mais en conséquence ils ont pioché des titres ça et là, ce qui fait perdre cette impression de s’écouter un concert de bout en bout. Ensuite, les chansons ont été choisies sur les trois précédents disques, qui sont plus inégaux que les premiers. En conséquence, le disque “live” est plus court et la setlist moins bonne puisqu’on se tape certains morceaux dont on se seraient bien passés. Pourquoi se farcir “Tomorrow And Tonight”, “Hard Luck Woman” ou même “Christine Sixteen” alors que “Do You Love Me” ou “Plaster Caster” sont snobées ? En plus, on se farcit une face D absolument inutile remplis des morceaux studios assez quelconques… C’est incompréhensible, et clairement dommage. Heureusement, pour rattraper le coup, les versions des morceaux sont super énergiques (mention spéciale pour ce “God Of Thunder” qui doit être joué sous cocaïne) et c’est quand même assez cool d’entendre ceux qui sont bons. Un complément sympa à Alive!, mais un disque qui fonctionne beaucoup moins en lui-même.

En 1978, pour honorer leur contrat alors que le groupe se désagrège, Kiss décide de sortir quatre albums « solos », sur lequel un seul membre compose, joue et chante (accompagné ou aidé d’autres musiciens).

Ace Frehley : Le disque réussi de la fournée des albums solos. Ace Frehley avait déjà écrit d’excellents morceaux pour le groupe, maintenant qu’on lui laisse le champ libre, il pond un album hard rock qui tient la route de bout en bout avec en prime une excellente reprise du tube glam “New York Groove”. Un très bon disque.

Gene Simmons : Le disque inattendu de la fournée des albums solos. Je gardais surtout le souvenir d’une version pitoyable de “When You Wish Upon A Star”, qui est en fait la seule chose vraiment horrible ici. Le reste, c’est Gene Simmons qui s’essaie à la pop 70s sans se débarrasser de ses habitudes hard rock et il faut reconnaitre que c’est plutôt bien fait. Ce n’est pas révolutionnaire, mais “Radioactive” est accrocheuse, la version ré-enregistrée de “See You In Your Dreams” avec Rick Nielsen de Cheap Trick est bien power-pop comme il faut… Bref, dans l’ensemble, ça s’écoute plutôt bien.

Paul Stanley : Le disque sans surprise de la fournée des albums solos. Un recueil de titres hard rock et de ballades romantiques, avec des écarts pop ou soul dont au final on ne retient rien vraiment. On oscille entre le sympathique (“It’s Alright”) et le pourri (“Hold Me, Touch Me (Think Of Me When We’re Apart)”), mais si Paul prouve qu’il peut composer un disque de Kiss à lui tout seul, on ne s’éloigne jamais de l’impression de se farcir un disque entier de faces B.

Peter Criss : Le disque improbable de la fournée des albums solos. Du soft rock et de la soul de blanc, avec un bon paquet de ballades sans doute dans le but de réitérer le succès de “Beth”. C’est un délire, pas le mien, qui n’a rien de honteux en soit ; mais Peter Criss n’est ni Bowie, ni Nino Ferrer et les compos restent trop médiocres pour convaincre de l’intérêt d’un tel disque.

Dynasty (1979) : Voilà le disque qu’on pense connaitre, puisqu’il contient “I Was Made For Lovin’ You”. Avec “Sure Know Something” en deuxième single, on s’attendrait à un album disco-rock et au début de la honte totale pour Kiss. Or, c’est en fait plutôt pas mal. Ace chante trois morceaux, et ils sont bons (notamment la reprise de “2000 Man”, qui apporte une touche glam bienvenue). Les morceaux de Gene, sans être fabuleux, font plutôt bien le boulot. Et le “Dirty Livin” de Peter essaie de muscler la soul de blanc de son album solo. Je ne sais pas si c’est parce que je m’attendais à bien pire, mais franchement, ça passe bien.

Unmasked (1980) : Bon, là, en revanche, c’est vraiment mauvais. Déjà, la pochette est hideuse, mais si ce n’était que ça… Le virage pop est consommé et assumé, mais le vrai problème, c’est que les chansons sont mauvaises. “Shandi”, le premier single, est nul à chier. Même les morceaux de Ace, quoique sympathiques, ne parviennent pas à sauver l’album du naufrage et à contrebalancer les mélodies niaises, le falsetto ringard et les synthés moisis.

Music From “The Elder” (1981) : Alors là, je crois qu’il y a quelque chose de fascinant à se retrouver devant un disque aussi mauvais à tous les niveaux. Rien que la démarche : un concept album pour montrer au monde ce que Kiss a dans le caleçon après deux albums un peu trop pop, avec un scénario en carton (un garçon qui est en fait l’élu), des morceaux pas très inspirés mais qui veulent désespérément faire étalage du talent des musiciens, une production qui dégueule de partout (le retour de Bob Ezrin, tombé dans le côté obscur) et un ensemble qui se prend beaucoup trop au sérieux. Au final, on se retrouve avec Tommy réinterprété par le groupe Rhapsody of Fire. Le côté abscons du premier avec toute la ringardise geek des seconds. On enchaine les clichés médiévaux-fantastiques, les plans sévèrement mal burnés et les mauvaises idées pour un résultat qui enterre en ridicule la scène de Spinal Tap avec le mini-Stonehenge. Petit miracle au milieu de ce naufrage : Ace Frehley arrive à sortir une chanson potable. Ou alors, c’est en comparaison du reste… À réserver aux amateurs de musique extrême avec beaucoup de second degré.

Creatures Of The Night (1982) : Clairement l’album pour essayer de revenir à un son brut et tenter de faire oublier le fiasco de The Elder. Le problème, c’est qu’on est en plein dans les années 80, et faire du brut pour un groupe de hard rock, c’est basculer dans le heavy voire le hair metal. Bref, la prod est horrible, les compos pas assez marquantes pour vraiment dépasser tous les clichés du genre et de l’époque qui sont alignés. En plus, Ace Frehley ne joue pas sur l’album et ça s’entend, le style des guitaristes qui le remplacent étant beaucoup plus démonstratifs et dans la mouvance metal 80s. On passe ainsi d’une lead présente mais pleine de feeling à de la branlette de manche souvent indigeste. Bon, on retiendra quand même un excellent morceau, “I Love It Loud”, non seulement le meilleur depuis quelques albums (ça c’est facile) mais qui aurait aussi tout à fait sa place sur un best of.

Killers (Best of, 1982) : Un best of avec quelques morceaux inédits, tous dans la même veine 80s que Creatures of The Night et tous au mieux médiocres (du mauvais AC/DC de “Down On Your Knees” au Deep Purplesque “Partners In Crime”, en passant par “Nowhere To Run” bourrée de mauvaises idées). Le best of laisse plein de bons titres de côté et ne propose même pas une sélection très cohérente. Bref, un disque complètement inutile.

Lick It Up (1983) : On poursuit dans le heavy/hair metal avec un album qui n’est certainement pas plus honteux qu’un autre du genre, mais j’ai tellement de mal avec le genre… Le morceau-titre est un tube nanar (ringard mais sympathique), le reste sera vite oublié (et c’est tant mieux, vu la débauche de clichés 80s dégueulasses).

Animalize (1984) : Encore un album hair metal 80s…Vous apprécierez peut-être si vous portez une veste en jean sans manche et une coupe mulet, ce qui n’est pas mon cas. “Heaven’s On Fire” est marrante, les solos de guitares sont plus horribles que jamais.

Asylum (1985) : Idem, mais cette fois le morceau marrant s’appelle “Tears Are Falling”, et c’est surtout le clip qui est marrant, si on aime se moquer de l’outrance du hair metal 80s. Troisième guitariste en trois albums, mais les solos sont toujours insupportables.

Crazy Nights (1987) : On franchit encore un pas dans l’horreur des années 80. Les précédents albums enchainent les clichés du hair metal, mais là on bascule encore plus loin dans le hard fm avec l’hymne gland insupportable “Crazy, Crazy Nights” (gros potentiel nanar), l’arrivée des synthés et la power ballad incontournable (et même pas nanarde, pour le coup, juste mauvaise). Bref, horrible.

Smashes, Thrashes & Hits (Best of, 1988) : C’est surtout pour réécouter ce disque que j’ai inclus les best of avec des chansons inédites. Le best of en soi mélange des chansons des deux périodes du groupe, le Kiss “classique” et le Kiss des années 80, avec beaucoup de singles. Les morceaux plus anciens ont été remixés pour sonner plus 80s, mais ça reste tolérable. Ainsi, le meilleur côtoie le pire mais on a un bon aperçu de ce qu’est le groupe avec ce qui le rend crédible autant que ce qui le rend ridicule. Et dans ce registre, les morceaux inédits atteignent des sommets : “(You Make Me) Rock Hard” et surtout “Let’s Put The X In Sex” sont tellement mauvaises qu’elles en deviennent drôles, et ce n’est malgré tout pas donné à tous les groupes. Quant à la version de “Beth” par Eric Carr (le batteur de l’époque), je n’en parle pas pour ne pas faire de mal à mon ami Marlon, fan de Peter Criss devant l’éternel. Faisons comme si elle n’existait pas.

Hot In The Shade (1989) : J’ai peut-être définitivement perdu la raison après autant de hard FM, mais j’ai l’impression qu’il s’agit du meilleur album de Kiss au cours des années 80. Bon, c’est long, très long (presque une heure), et il y a des trucs vraiment craignos sur ce disque (comme le morceau qui en est le plus connu, la power ballad “Forever”), mais il y a des choses assez variées et pas forcément horribles. Déjà, le shredding à la guitare s’est un peu calmé et rend pas mal de solos plus supportables. Ensuite, j’ai l’impression d’un groupe qui essaie vraiment des trucs pour rester à la page et intéressant musicalement (ma théorie, vu la date de sortie de l’album, serait qu’ils essayaient de se remettre de la claque que Guns’N Roses avait mis au hard FM à la fin des 80s). Certains morceaux me semblent vraiment une réponse à ça, comme “Read My Body” ou “Little Caesar”. Il y a des choses qui, bien que marquées du sceau des années 80, ont un coté sympathique et rigolo (comme “King Of Heart”). Il y a même des morceaux réussis ! “Boomerang”, qu’on pourrait presque qualifier de pop-thrash, “You Love Me To Hate You” à la limite du power pop et “Cadillac Dreams”, qui ose finir avec des cuivres et reste malgré tout le morceau le plus cool sur un album de Kiss depuis “I Love It Loud”. En fait, c’est certainement ça qui me fait juger aussi positivement cet album : il y a de bonnes idées dessus. Pas toutes suffisantes pour faire de bons morceaux (les chœurs féminins sur “Silver Spoon”) ou contre-balancées par d’autres vraiment foireuses (la slide et le côté bluesy de “Rise To It” malheureusement suivis par un refrain on ne peut plus hard fm), mais des bonnes idées et des morceaux sympas, putain, je n’en demande pas plus après autant d’albums hair metal/hard fm en aussi peu de temps.

Revenge (1992) : Bon, ça commence bien parce que ça s’ouvre sur “Unholy”, un des premiers morceaux de Kiss que j’ai écouté et pour lequel j’ai donc une certaine affection. On comprend vite la démarche du disque, il n’y a qu’à voir la pochette : on est en 1992, alors que Metallica a tout raflé niveau metal, alors il faut gonfler le son et revenir à du brut de décoffrage. Ça marche sur “Unholy” parce que le morceau est bien cool (de toute façon, je ne suis pas objectif). Ça marche avec des trucs comme “Spit” ou “Domino” qui ont un gros côté classic rock. Mais ça ne rend pas forcément les morceaux médiocres meilleurs, juste moins désagréables à écouter que la production 80s. Et puis, bon, “Spit” c’est un peu “Rock’n Roll” de Led Zep, “I Just Wanna”, c’est un peu “Summertime Blues”… Et le vernis tombe complètement, quand on écoute la ballade obligatoire “Everytime I Look At You” (complètement hors sujet) et surtout le très nanar “God Gave Rock N Roll To You II”, génial à écouter bourré, mais qui ressort tous les clichés hard fm. C’est sans doute ce que Kiss a fait de plus proche d’un album metal, mais ça reste quand même trop propret à mon avis pour être vraiment réussi dans ce registre. Ceci dit, je ne suis pas expert, il faudrait peut-être demander à des metalleux. En tout cas, ce n’est pas du tout ce que j’ai envie d’entendre quand j’écoute du Kiss. Enfin, sauf “Unholy”, celle-là je me la remets sans problème. (L’album s’achève sur un jam du batteur Eric Carr, décédé peu de temps avant l’enregistrement de Revenge, qui est assez sympathique si on aime ce genre de délires)

Alive III (1993) : Un live de Kiss datant du début des années 90, et donc qui couvre pas mal de disques depuis Alive II, pourquoi pas. Le risque serait, comme pour pas mal de groupes 70s, d’avoir tout réorchestré avec un son très metal et donc de gâcher les morceaux classiques, mais là pour le coup ça reste tolérable. Le problème, c’est que la plupart des morceaux classiques sont déjà sur les premiers Alive dans des versions plus cool, et que les morceaux récents sont rarement bons (ou alors pour la blague). On se demande donc à quoi sert ce disque (ou alors pour la blague).

Carnival Of Souls: The Final Sessions (1997) : Voilà un disque discret, dont on peut oublie facilement oublier l’existence. Même la pochette est fauchée, le titre est pourri, et les titres des morceaux ressemblent à du Alice In Chains. Et quand on écoute, ça ressemble aussi à du Alice In Chains. Si Hot In The Shades était une réaction à Guns N’ Roses (simple supposition), Revenge une réaction à l’album noir de Metallica, là on est sans doute possible face à un disque en réaction au grunge. J’ai plus d’affinités avec ce son, je préfère donc ça au hard fm. Et les compos semblent bien calibrées dans le style. Mais pour ma part, je trouve que ce genre ne sied pas vraiment à Kiss ; ce n’est ni ce qu’on attend d’eux, ni ce qu’ils savent faire de mieux, ni même un style dans lequel ils se révèlent légitimes (ni où ils se révèlent tout court). Un exercice de style réussi, mais un album sans doute inutile quand on a déjà des groupes comme Alice In Chains ou Soundgarden.

Kiss Unplugged (1996) : Un disque historique pour Kiss, puisqu’il a conduit à la reformation du groupe avec les 4 membres originaux. Mais si on sort de l’anecdote, ça reste un disque unplugged assez solide, avec une bonne sélection de morceaux anciens et plus récents bien adaptés à l’acoustique. On reste dans un registre classic rock, bien loin de l’émotion pure des unplugged plus “bruts” de Nirvana ou Alice In Chains, mais ça colle plutôt bien au groupe, pour le coup. Bien sûr, il y a les ballades incontournables qui gagnent encore en mièvrerie, mais dans l’ensemble ça ne gâche pas le plaisir d’entendre les vieux classiques et encore moins celui des cameos de Peter et Ace. Pas sûr que cet unplugged puisse convaincre les personnes réfractaires au groupe (contrairement, encore une fois, à celui d’Alice In Chains), mais la prestation est tout à fait honorable et pourra plaire aux amateurs de classic rock acoustique.

Psycho Circus (1998) : Le disque qui était vendu comme un retour aux sources avec enfin les 4 membres d’origines, et maquillés ! Malheureusement, quand on va gratter un peu, on apprend qu’en fait, Ace et Peter n’ont joués respectivement que sur deux ou trois morceaux. On fait mieux, comme réunion. Pour ce qui est de la musique, le morceau-titre qui ouvre l’album est excellent et représente bien ce que du Kiss classique aurait été si le groupe s’était formé dans les années 90. Bon, là encore, le solo qui ressemble enfin à du Ace Frehley a été composé et joué par un guitariste de studio (qui finira par rejoindre le groupe en tant que clone du guitariste d’origine), mais pour le coup, c’est bon, donc on ne se plaindra pas. Le problème, c’est que les morceaux qui donnent cette sensation d’écouter du Kiss classique avec un son moderne sont quasiment aux abonnés absents. Il y a bien “Into The Void”, composé par Ace et le seul morceau sur lequel tous les membres originaux jouent, et “You Wanted The Best”, qui en fait vraiment des caisses pour évoquer “Shout It Out Loud”, mais fonctionne si on veut bien se prêter au jeu. Pour le reste, quand des relents de hard FM ne se font pas sentir, on a droit à de la ballade pourrie (“I Finally Found My Way”, écrite avec Bob Ezrin pour faire chanter Peter Criss en mode “Beth”, mais c’est nul), un plagiat d’Alice Cooper (“Dreamin”…bon, il y a pire à plagier que “I’m Eighteen”, ceci dit, alors je sauverais peut-être ce morceau aussi) ou “Journey Of 1000 Years” une chanson qui semble être une chute de studio de Music From “The Elder” (si vous ne vous souvenez pas, c’est l’album le plus foiré de toute la carrière de Kiss). Bref, un disque pas terrible malgré quelques bons morceaux, et surtout un album qui ne donne pas du tout ce qu’il annonce.

Kiss Symphony – Alive IV (2003) : Je crois que ma passion du groupe s’est définitivement cristallisée avec ce disque (plus exactement le DVD du même concert). On retrouve tout ce qui fait Kiss, les bons morceaux hard rock catchy, avec la part belle aux années 70, mais aussi les ballades craignos, le public et l’excès à tous les niveaux. Globalement, on retrouve une première sélection électrique de morceaux péchus et assez sympa (même “Lick It Up” passe dans ce contexte), puis le moment ballade avec un ensemble symphonique restreint (plutôt un moment second degré) et enfin le concert symphonique avec l’orchestre complet sur une dizaine de titres (dont le seul moment vraiment nul est l’affreuse “Great Expectations”, mais là encore c’est rigolo en vidéo). Y avait-il besoin de jouer ces morceaux en version symphonique ? Sans doute pas. On pourrait même se demander si l’orchestre change vraiment quelque chose. Mais la scène, en faire des tonnes, et se tenir sur une ligne fine entre le bon goût et le craignos absolu, c’est l’essence même du groupe. Si vous aimez Kiss, vous adorerez ce disque. Si vous détestez ce disque, vous n’aimerez sans doute jamais Kiss (mais écoutez quand même Alive! si vous aimez le bon hard rock 70s).

Sonic Boom (2009) : Premier album de Kiss avec le nouveau line up (Ace et Peter, guitariste lead et batteur d’origine ayant été remplacés par un roadie devenu clone de Ace et le batteur du début des 90s maquillé en chat pour l’occasion), dans un contexte où on pensait qu’ils ne ressortiraient rien et continueraient de tourner sur leur ancien répertoire. Globalement, on a une sorte de version moderne du Kiss classique joué dans les années 80. Bon, on n’est rarement complètement dans le hard fm comme ça a pu être le cas par le passé, mais ça ressemble souvent aux morceaux un peu limites qu’on trouvait déjà sur Psycho Circus. Le single “Modern Day Delilah” est sympa, de même que “Yes I Know (Nodobody’s Perfect)”, mais on frôle parfois le nanar musical (“Stand”), et ça reste le plus souvent médiocre.

Monster (2012) : Deuxième album de Kiss avec leur line-up actuel, et sans doute le dernier qu’ils sortiront s’ils se tiennent à leur projet de tirer leur révérence après la tournée à venir. Bon, en gros, c’est du hard rock version 2010, donc avec un gros son agressif mais qui ne gomme pas les aspects classic rock. Il n’y a rien de honteux là-dessus (juste “All For The Love Of Rock’n Roll” qui est un peu limite), mais rien ne ressort vraiment non plus. Le single “Hell Or Hallelujah” est sympa, de même que “Back To The Stone Age” qui fait bien bouger la tête. Je ne retiendrai pas grand chose du reste, mais l’album passe bien quand on aime le style.

Kiss My Ass : Classic Kiss Regrooved (tribute album, 1994) : Voilà peut-être le tribute album qui m’est le plus cher. Sur le papier, rien de bien brillant : Kiss a chapeauté la réalisation de son propre tribute, en s’appuyant sur des groupes en vogue pour reprendre leurs classiques (à l’exception d’un morceau bonus, tous les titre repris datent d’avant Dynasty). Le truc, c’est qu’on est en 1994, et le fait de n’avoir que des artistes populaires à l’époque fait que ce disque est autant un hommage à Kiss qu’au début des années 90. Certes, ce n’est pas non plus la débauche de têtes d’affiche (pas de Smashing Pumpkins ou Nirvana, mais il parait qu’ils auraient pu participer), mais finalement le casting est varié et plutôt représentatif de ce qui se faisait en pop rock (au sens large) à l’époque. En plus, les artistes se sont plutôt bien réappropriés les morceaux, apportant au minimum leur patte sonore, sans jamais les rendre méconnaissable. On a donc vraiment l’impression de faire un zapping radio en 1994 en ne tombant que sur des morceaux pas mal.
Alors, c’est sûr, j’aurais préféré que toutes les reprises soient dans le style de celle de “Goin Blind” par Dinosaur Jr (qui a choisi la chanson parfaite pour le style de Mascis), mais même les groupes que je déteste habituellement apportent quelque chose d’original et parfois carrément plaisant à l’ensemble (oui, même Lenny Kravitz avec son “Deuce” version Hendrix/motown sur laquelle Stevie Wonder vient jouer de l’harmonica, ou Extreme avec leur “Strutter” funk metal sauvé par l’inclusion de références à d’autres morceaux de Kiss). D’accord, Toad The Wet Sprocket n’est pas le groupe qu’on retiendra des années 90, mais faire une version lente et qui fonctionne de l’hymne à la fête “Rock N Roll All Nite” n’est pas donné à tout le monde. Et je suis même prêt à tolérer le ska punk pour les 4 minutes que dure la version de “Detroit Rock City” par les Mighty Mighty Bosstones. On a aussi le batteur de X-Japan qui reprend “Black Diamond” dans une irréprochable version orchestrale qu’on pourrait croire tirée de la BO d’un film Ghibli, et une reprise assez spéciale de “Calling Dr Love” par Shandi’s Addiction, groupe créé pour l’occasion, dont la composition (Maynard James Keenan de Tool, Tom Morello et Brad Wilk de RATM, Billy Gould de Faith No More) semble faite pour faire fantasmer notre redac’ chef. Il y a même, pour rester dans le côté limite second degré, une reprise de “Unholy” en allemand (moi, je trouve ça rigolo, l’allemand). Bref, ce disque est une curiosité, mais aussi un voyage qui vaut le coup autant pour les amateurs de Kiss que pour les amateurs de musique des années 90.

Blackcondorguy

Comme j’avais du mal à vous proposer une playlist cohérente qui représente bien les deux aspects du groupe, je vous en ai préparé deux.

Les morceaux les plus réussis :

Les morceaux les plus honteux :


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