Wipers – Is This Real? (Park Avenue)

Publié par le 18 juillet 2016 dans Chroniques, Incontournables, Notre sélection, Toutes les chroniques

wipers_is_this_realQuarante ans après les débuts du punk, quels groupes du genre ont aujourd’hui encore la faveur des livres d’histoire musicaux ? Pas des masses.

Les proto-punk que furent les Stooges et MC5 voire New York Dolls voiiire Patti Smith ou le Velvet Underground. OK.

Les pionniers, les vrais, les Ramones, que tu peux même retrouver chez H&M (soupirs).

Et les british qui s’en sortent pas mal avec deux représentants incontournables que même une fan de Mylène Farmer pourrait te citer dès lors qu’on lui dit le mot punk qui fait peur, je veux bien évidemment parler des Sex Pistols et des Clash. Bon, les livres d’histoire les plus cléments ajouteront peut-être les Damned.

Pourtant, les Sex Pistols n’ont fait qu’un album, certes indéniablement important, avant de voler en éclat et les Clash qu’un seul véritable album punk : le premier.

Et pourtant, nombreux groupes punk américains (sans parler des australiens) mériteraient aussi de truster leur place dans les livres d’histoire, à commencer par les Wipers.

Le problème des Wipers c’est qu’ils font partie de la deuxième vague. Ils sont américains (Portland, Oregon), mais se forment au moment où les anglais en sont à leurs premiers méfaits (1977). Quand le premier Wipers sort, trois ans plus tard, le monde se fout déjà du punk. Les Ramones ne sortiront plus de tube de l’ampleur de « Blitzkrieg Pop » (en termes de popularité j’entends), les Clash font du reggae, les Damned font de la merde (ou pas loin), Johnny Rotten s’appelle John Lydon et a pris le virage post punk avec PiL.

Donc, les Wipers se retrouvent en ligue 2, au sein des groupes respectés voire adulés par une poignée (les amateurs punk qui ne lâchent rien), ignorés par la majorité (le grand public). Et pourtant…

Pourtant ce Is This Real ? comporte son lot d’imparables pépites punk. De l’immédiat, du rugueux, du sanguinolent. Greg Sage avertit « you better watch out, you better beware » et dès les premières secondes de « Return of the Rat », on est mitraillés et happés. Du bon gros rock’n roll dans nos dents. Moins virulent, « Mystery » vient taper du côté du pop punk avec une touche Ramones. Les riffs frappent vite et juste, les mélodies s’ancrent rapidement dans un coin de la tête pour n’en sortir que bien plus tard, quand l’addiction s’estompe.

Pas de « one, two, three, four » ici, mais de la cadence infernale, de la gratte qui crache, de la saleté délicieuse. Le fameux propos de rageux « le punk c’est toujours pareil » ne fonctionne pas non plus, désolé. Quand un « Up Front » ou « Return Of The Rat » se la jouent cavalcades effrénées, le morceau-titre s’autorise un break reggae discret mais bien senti et « D-7 » prend l’urgence à contre-pied avec son intro rampante précédant la furie. Cobain ne s’y était pas trompé en reprenant ce morceau fantastique (tout comme « Return Of The Rat »), dont on peut sans trop se forcer imaginer l’influence, inconsciente ou non, sur Nirvana. On peut penser la même chose d’un « Potential Suicide », que ce soit dans les textes, la rage contenue, ou la menace qui rode.

Si la deuxième moitié de l’album est moins tubesque (encore qu’un petit « Wait A Minute » ou « Misfit »…), voilà un disque où on n’a jamais envie de zapper un morceau, où on passe son temps à – au choix – hurler, faire du air guitar, sautiller sur place, foutre en l’air tout ce qui traine à moins de 3 mètres de notre espace de défoulement…

Si un jour j’écris un livre sur l’histoire de la musique, comptez sur moi pour ne pas l’oublier !

JL

1 commentaire

  1. excellent disque !!!
    les 2 qui suivent s’éloignent un peu du style mais valent bien qques écoutes

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