White Fence – For The Recently Found Innocent (Drag City)

Publié par le 6 août 2014 dans Chroniques, Toutes les chroniques

140428-white-fence-ty-segall-new-albumTim Presley, leader du Groupe rock indé californien White Fence est très éloigné des clichés « rock star ». Plutôt le genre à enregistrer ses albums dans son appart’ avec matos minimal et production très simple, voire simpliste. Il n’hésite pas non plus à vendre lui-même ses disques après ses prestations sur scène (je le sais, je lui ai acheté deux disques lors de son dernier passage à Paris). Déjà auteur de sept albums, dont deux « live », livrés dans l’urgence en à peine 4 ans. Il collabore également avec de nombreux musiciens de la scène locale (cf le dernier album de Woods).

L’ambiance cool et la tonalité Lo-Fi sur disque (jusqu’au dernier opus Cyclop Reaps) disparaissent lors des prestations sur scène de Presley et son gang, durant lesquelles ils font parler la poudre, dans des purs moments de flamboyance. Quelques éminents membres de la rédaction avaient pu le constater lors de leur passage à La Maroquinerie en décembre 2013, en première partie de son pote Ty Segall. Le récent et excellent Live In San Francisco, qui transpire l’énergie et l’électricité en est d’ailleurs la parfaite illustration.

Là, vous vous demandez, bon ok, où il veut en venir en nous racontant tout ça ? Et bien que Mister Presley (aucun lien de parenté) a décidé de bousculer ses habitudes, en sortant de sa piaule et délaissant ses méthodes artisanales et minimalistes pour venir enregistrer ses nouvelles chansons dans le studio de son pote et compère, le touche-à-tout hyperactif Ty Segall. Et ce nouveau disque sonne plus comme leur précédente collaboration Hair que les cinq autres albums de White Fence.

Un petit pas pour Presley, et un grand pour le rock, peut-être pas encore, mais le changement est notable, et les fans peuvent s’en réjouir. Plus de frustration ressentie à l’écoute des albums « studio », mais bien plus proche de la patate dégagée sur scène. Fucking Rock and Roll !

Alors, que nous propose-t-il l’ami Tim sur ce For The Recently Found Innoncent, dont la pochette rappelle furieusement le Another Self Portrait de Bob Dylan ?

Changement évident dès les premières secondes, avec un son direct qui met en valeur les compositions folk rock au réminiscences psychédéliques comme « Sandra (When The Earth Dies) », ou « Goodbye Law ». Territoire certes balisé par de nombreux musiciens au fil des générations, surtout de ce côté-ci des US (Byrds, Spirit, Jefferson Airplane entre autres), mais qui prend ici un coup de jeune, les guitares voluptueuses mises en avant y étant pour beaucoup. La justesse et la tonalité du chant de Presley surprennent agréablement, car j’avoue n’avoir jamais été convaincu jusqu’ici par sa voix. Bon c’est pas Cornell, Vedder ou Daltrey non plus, faut quand même pas rêver, mais il tient la route et est à la hauteur des compositions.

Les références ou en tout cas source d’inspiration puisées auprès de groupes anglais des sixties comme The Pretty Things, mais surtout les Who, sont plus surprenantes et de vraies réussites « Anger ! Who Keeps You Under ? », ou le tonitruant « Like That » qui sonne comme un single de la grande époque du groupe de Townshend. On s’attend presque à voir Presley lancer de grands moulinets sur sa gratte en concert. Sur le remarquable « Wolf Gets Red Faced », Presley se lâche et fait clairement des étincelles à la guitare. Ravi de le voir jouer à ce niveau là et hâte de découvrir ces titres sur scène.

Quelques jolies ballades sur lesquelles il fait encore parler son talent de guitariste, complètent cette agréable promenade musicale : « Fear » ou la délicieuse « Hard Water ». Album concis, à l’ancienne, à peine plus de 40 minutes pour 14 compositions brillantes et jouissives.

Le constat :

1. Tim a bien fait de sortir de chez lui ;

2. Ty Segall a fait un super job ;

3. For The Recently Found Innocent est une belle réussite et incontestablement déjà l’un des beaux albums de la rentrée (on en attend d’autres, notamment le prochain Ty Segall).

On espère revoir au plus tôt White Fence en France pour défendre ses titres sur scène, avec pourquoi pas Ty Segall pour faire partie de l’aventure, car à chaque fois qu’il passe à Paris, ça dégage.

En tout cas, avec ces gars-là, on peut dormir sur nos deux oreilles « Rock and Roll will never die » !

 

El Padre

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