Walking Papers – Walking Papers (Sunyata)

Publié par le 15 janvier 2012 dans Chroniques, Incontournables, Toutes les chroniques

walking-papersIl paraît que le son de Seattle est mort. Bon c’est sûr que la période bénie (fin 80-début 90) de l’émergence du grunge est loin derrière nous. S’il reste de brillants représentants survivants (Pearl Jam, Mudhoney) et des ressuscités (Alice in Chains, Soundgarden), il est plus rare qu’une vraie révélation rock débarque de la rainy city…

Et v’la-t’y pas qu’un groupe de ptits nouveaux se pointent l’air de rien avec un nom à coucher dehors : Walking Papers. Sauf qu’en y regardant de plus près on constate vite qu’on n’a pas affaire à une bande de gamins avides de se faire un nom. C’est en fait un “supergroupe” composé de musiciens dont la renommée est déjà faite : le chanteur-guitariste Jeff Angel (The Missionary Position), le bassiste Duff McKagan (Guns N’Roses, Velvet Revolver), le batteur Barrett Martin (Screaming Trees, Mad Season) et le claviériste Ben Anderson. Les quatre loustics sont épaulés sur certains titres par le brillant guitariste de Pearl Jam Mike McCready. Déjà sur le papier ça a de la gueule mais méfiance une déception est vite arrivée.

Dès le premier titre on est rassurés. “Already Dead” est un petit bijou. Une ballade blues aux airs de guitare magnifiques, empreints de nostalgie. On pense aux grands morceaux calmes de Mad Season. Difficile d’égaler Layne staley mais Jeff Angel chante remarquablement bien. Pour une entrée en matière c’est très réussi.

Le disque alterne majoritairement entre gros hard-rock bien puissant (basse lourde, guitare aux riffs lents et saturés) et très belles ballades bluesy.

L’imparable “Two Tickets” ne fait pas dans la dentelle, “The Whole World’s Watching” assez classique est sublimée par le superbe solo de McCready, toujours au top quand il s’agit de faire gémir sa guitare… “Your Secret’s Safe With Me”, premier single de l’album, repose sur un duo guitare-basse sombre et menaçant contrasté très efficacement par les subtilités aigües d’une autre gratte. Du solide !

Pour ce qui est des morceaux plus soft, si “Leave Me In The Dark” n’atteint pas l’intensité émotionnelle d'”Already dead”, il s’agit d’un autre excellent titre brillament interprété par Jeff Angel, décidément très à l’aise. The butcher, semblable à une danse funèbre, est somptueux avec son refrain au piano si doux à l’oreille. “I’ll Stick Around”, très cool, rappelle les Black Keys quand ils décident de calmer le jeu.

Mais limiter cet album à un mix hard rock bulldozer/blues mignon serait injuste, pour ne pas dire injurieux. La surprise n’est jamais loin. Comme sur “Red Envelopes” où le riff abrasif évoque d’abord Queens Of The Stone Age avant que ne débarque subrepticement des cuivres bien senties qui viennent rajouter une bonne dose de groove. Le morceau est très entraînant. Ça sonne rudement bien !

Sur “Capital T”, on oublie les ambiances lourdes, place à la jubilation et aux guitares sexy. Un des meilleurs titres de l’album. On voit qu’on a affaire à des supers musiciens.

Le groupe flirte aussi avec le jazz sur “A Place Like This”, admirable composition qui s’appuie sur une rythmique latino (Barrett Martin nous montre encore l’étendue de son talent avec un jeu très varié tout au long de l’album). Le splendide saxo ne gâche rien, on est irrémédiablement séduits.

Petite déception avec le dernier titre, “Independance Day”, assez convenu. Mais l’ensemble remporte largement l’adhésion. L’essai est transformé tranquille, sans coup férir.

Les Walking Papers composés de membres éminemment talentueux ont su piocher dans les influences de chacun pour se créer un univers propre et livrer un album de haute volée.

J’ai découvert ce groupe il y a moins d’un mois et je trépigne à l’idée de les voir jouer cet album en novembre au Nouveau casino. Oups j’ai vendu la mèche. Il reste des places, faites vite !

 

JL

 

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