The National – Sleep Well Beast

Publié par le 23 septembre 2017 dans Chroniques, Notre sélection, Toutes les chroniques

(4AD, 2017)

The National. Je n’ai jamais trop aimé ni compris ce nom. Peut-être que depuis qu’ils ont débuté dans l’anonymat comme une bande de potes dans un garage, le groupe rêvait déjà d’un destin (inter)National. Aujourd’hui il y est parvenu, tout en conservant, et c’est là l’exploit le plus notable, un statut respectable, pour les amateurs d’indie rock qui n’ont pas oublié leurs débuts et n’ont pas (encore ?) été horrifié par leur évolution.

Une raison toute simple à ça : The National sait écrire des chansons. Des putains de belles chansons, même. Des chansons immaculées empreintes d’une classe inimitable tout en retenue et délicatesse, et ils nous refont le coup sur ce disque (“Nobody Else Will Be There”, “Walk It Back” qui pourtant se paye une intro électro qui aurait pu faire fuir les moins téméraires, les magnifiques tire-larmes “Carin At The Liquor Store” ou “Guilty Party”).

A quelques exceptions près (“Day I Die” et son gimmick électrifié qu’on croirait piqué à Interpol, “The System Only Dreams In Total Darkness” et son refrain trop grandiloquent, le sirupeux “Dark Side Of The Gym”, un peu trop dark side of The National), le quintet de Cincinatti joue toujours mieux que quiconque à l’équilibriste sur le fil ténu qui les sépare du rock de stade. The National partage des points communs avec Coldplay, certes, mais ne boxe assurément pas dans la même catégorie. Il conserve une exigence avec des compos recherchées, peaufinées qui évitent soigneusement la facilité (les parties de batterie toujours subtiles et incentives, “Walk It Back” et sa pincée d’électro qui vient salir le tout, “Empire Line” qui démarre de façon convenue avant un final qui grimpe en hauts cieux sans jamais perdre en finesse).

Comme souvent, le ton mélancolique à outrance et la voix un brin monotone de Matt Berninger peuvent quelque peu nous faire décrocher sur la durée d’un album. En cela, le choix d’une montée d’adrénaline (“Turtleneck”) dans ce décor quelque peu policé en milieu d’album aurait pu se révéler judicieux mais ce chant criard n’est assurément pas celui qui sied le mieux à Matt.

Qu’importe, loin d’être le meilleur The National, Sleep Well Beast parvient tout de même aisément à éviter l’écueil dans lequel se sont vautrés Arcade Fire et Queens Of The Stone Age cette année, et offre bien plus qu’un disque bon à jeter en pâture aux fidèles auditeurs de RTL2.

JL

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