“Sonic Highways” : l’impeccable leçon d’histoire de Dave Grohl

Publié par le 3 août 2015 dans Articles, Chroniques, Toutes les chroniques

photo-hbo-1-1Comment ne pas adorer Dave Grohl ? C’est vrai quoi, c’est un batteur immense qui a grandement contribué à l’éclosion d’un des groupes les plus importants de l’histoire, il a une bonne bouille, paraît sympathique et c’est indéniablement un véritable passionné de musique… Bon il y a quand même un hic, il est à la tête des Foo Fighters. Personne n’est parfait.

Depuis peu, Dave Grohl s’est mué en journaliste. Après le remarquable Sound City, il a décidé d’aller plus loin, se lançant dans une fort ambitieuse rétrospective de l’histoire de la musique américaine.

Sonic Highways est donc une série de huit épisodes d’une heure environ, se déroulant dans une ville à l’histoire musicale importante et où Foo Fighters s’est rendu pour enregistrer chacun des titres de son dernier album en date qui s’appelle… Sonic Highways figurez vous.

Ne jouons pas les faux crédules, ce doc est aussi un bon moyen de promouvoir son disque mais il pourrait nous rétorquer que Foo Fighters n’en a pas besoin pour remplir les stades. Nous on pourrait lui rétorquer que ce documentaire suffit à nous convaincre que, s’il a déjà eu un quelconque intérêt (il y a débat au sein de la rédaction), son groupe n’en a aujourd’hui plus aucun. Mais on n’est pas là pour se fâcher avec Dave, d’autant qu’on l’a déjà dit, on l’aime beaucoup (et on lui doit un grand respect).

Et cette série ne risque pas d’entacher notre amour pour le bonhomme. Il est bien sûr très compliqué (pour ne pas dire impossible) de résumer en une heure l’histoire musicale d’une ville, surtout quand celle-ci est aussi importante que New York et Los Angeles. Dave a donc dû faire des choix, faire aussi forcément en fonction de ses interlocuteurs, et dans l’ensemble même si chacun peut éprouver de la frustration qu’il n’ait pas parlé suffisamment de tel ou tel groupe, on en apprend suffisamment pour ne jamais avoir à se plaindre.

Les anecdotes sont nombreuses, parfois drôles, parfois tristes, souvent savoureuses. Les découvertes garanties, à moins d’être une véritable encyclopédie musicale et le lien entre les artistes et leur ville est très bien démontré.

Intelligemment Dave Grohl a préféré se focaliser sur des mouvements musicaux représentatifs, des studios emblématiques, des producteurs majeurs, plutôt que sur un groupe au détriment d’un autre. Cela lui permet de ratisser large et de ne pas oublier trop de monde en route.

On y parle en vrac de blues, de go go, de hip hop, de punk, de country (un peu trop à Nashville, l’épisode le moins intéressant), de jazz, de grunge, de rock psyché, de funk, j’en passe et des meilleurs.

Les villes à l’honneur sont Chicago, Washington, Nashville, Austin, Los Angeles, New Orleans, Seattle et New York. On y retrouve une longue liste de prestigieux interviewés (non exhaustive, juste pour saliver un peu) : Buddy Guy, Steve Albini, Ian McKaye, Rick Rubin, Beth Gibbons, Rory Erickson, Gibby Haynes, Chris Goss, Josh Homme, Dr John, Chris Cornell, Jack Endino, Thurston Moore, Chuck D, Paul Stanley… et Barack Obama qui a le droit au mot de la fin.

L’épisode sur Seattle revêt évidemment une saveur particulière vu le passé du réalisateur (oui, on peut le qualifier ainsi tant le travail est bien fait). L’accent y est fort logiquement mis sur Nirvana avec un hommage appuyé à Kurt Cobain (retenez les larmes). Dans cet épisode, Dave Grohl est un peu un personnage à part entière au même titre que ceux qui témoignent. On ne s’en offusquera nullement compte tenu de l’importance prépondérante qu’il a occupé au sein de la scène de Seattle.

L’ensemble des 10 épisodes se dévore comme une excellente série, avec en bonus le sentiment d’enrichir ses connaissances personnelles. L’initiative était belle, le résultat est à la hauteur et comblera tout passionné de musique.

Dave Grohl semble s’être pris au jeu puisqu’il a d’ores et déjà annoncé une “saison 2” qui devrait s’attarder sur des villes internationales, à moins de se focaliser uniquement sur l’Angleterre… Ça promet !

 

JL

 

1 commentaire

  1. Passionant de bout en bout. L’édition DVD est encore plus riche que la version TV. Pour tous les amoureux de la musique américaine dans toute sa diversité. Rockers obtus et bas du front s’abstenir !

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