Pusha T – DAYTONA

Publié par le 31 mai 2018 dans Chroniques, Notre sélection, Toutes les chroniques

(Def Jam/GOOD Music, 25 mai 2018)

Et bien voilà, j’ai cédé ! Après de nombreuses tentatives infructueuses, me voilà enfin séduit par un de ces rappeurs “new generation” que tout le monde encense. Kanye, A$AP Rocky, Kendrick Lamar, je les ai tous testés après qu’on m’en ai dit monts et merveilles et suis resté totalement hermétique (pour ne pas dire horrifié parfois).

Et sans crier gare, voilà que Pusha T a réussi à m’avoir avec ces 7 nouveaux titres qui composent Daytona. Maniant le mic depuis les années 90 au sein du duo Clipse(donc pas si “new generation” que ça…), Pusha est désormais bien plus exposé depuis qu’il est l’acolyte de la méga star Kanye West*, qui a d’ailleurs produit tout l’album et même déboursé 85 000$ pour lui offrir cette pochette bien trash. Le cliché provient d’un tabloïd, il s’agit de la salle de bains en piteux état de Whitney Houston en 2006 au sommet de son addiction. Ambiance…

Après une mise en route quasi a capella, l’instru devient tapageuse. Pusha T lance la machine à tubes. “If You Know, You Know”. Now i know. Mais ce morceau n’est pas une révélation, loin s’en faut. Derrière une efficacité indéniable, un constat trompeur : ça sent le bling bling à plein nez. La frontière avec le mauvais goût est mince. La bascule du côté obscur est à craindre…

Mais les craintes s’envolent, très vite.

Daytona ne dure que 21 minutes, il s’y passe pourtant énormément de choses. Ses 7 titres offrent une grande diversité. Et une qualité constante.

« The Games We Play » calme le jeu avec une boucle jazzy qui ne manque pas de susciter une envie frénétique de repeat, puis vient la magnifique « Hard Piano ». Presque sur la retenue dans un premier temps, l’émotion grandit au fil des secondes. Quelques notes de piano, une basse imposante, Pusha n’en fait pas trop, son flow s’accommode à merveille. Rick Ross, très en verve, y va également de son couplet. Banco.

Le sample soul irrésistible du refrain de « Come Back Baby » n’est pas en reste (on pense aux plus belles pépites de RZA), l’évidence se dessine : on va droit vers un sans faute. Et en cela le choix de ramasser l’album (l’EP ?) en à peine plus de 20 minutes est judicieux : pas la moindre trace de remplissage à déplorer, un des péchés mignons récurrents du genre.

Avant de conclure, Pusha T nous emmène faire un petit tour dans les bas fonds (« What Would Meek Do? », en référence à Meek Mill), sans oublier de glisser un clin d’oeil au « Hail Mary » de Tupac. Pendant qu’on y est, terminons le tour du propriétaire en n’oubliant surtout pas le puissant et émouvant « Santeria » où Pusha s’empare d’une gravité certaine. Le morceau est sublimé par le sample terriblement efficace de “Drugs” de Lil Kim (je cite même Lil Kim moi, rien ne va plus…). Symbole de la variété de l’album, “Infrared” clôt l’affaire sans faire de bruit, contraste saisissant avec l’ouverture pétaradante.

Résultat des courses : c’est varié, c’est ambitieux, c’est référencé, c’est bien rappé (tranchant sans jamais en faire des caisses). Je ne vois pas comment ça aurait pu ne pas me plaire, finalement.

Jonathan Lopez

*au sein du label GOOD Music fondé par Kanye West et présidé par Pusha T.

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