No Age – Snares Like A Haircut

Publié par le 13 février 2018 dans Chroniques, Notre sélection, Toutes les chroniques

(Drag City, 26 janvier 2018)

Tic tac. On court toujours après le temps. Le travail nous bouffe les trois quarts de notre temps, on n’a jamais le temps de voir ce très bon ami un peu perdu de vue, pas le temps de passer un coup de fil à mère-grand, pas le temps de dévorer tous ces passionnants bouquins qui nous attendent sur une pile, pas le temps de nous refaire l’intégrale de X-Files. Foutu temps de merde.

Pour No Age, le temps n’est pas un souci. Il le prend toujours de court.
Après un arrêt au stand prolongé, le bolide californien revient à toute berzingue pour une nouvelle course contre-la-montre. En 39 minutes et 12 secondes, il expédie 12 morceaux concentrés de rage, d’énergie… et de bonnes mélodies.

Départ pied au plancher avec “Cruise Control” et No Age n’appuie sur la pédale de frein que pour s’octroyer quelques parenthèses expérimentales bien troussées (le morceau-titre qui verse dans le shoegaze, ou l’étrange “Squashed” aux faux-airs de… Chemical Brothers), perçues comme autant de bouffées d’air frais au milieu de ce grabuge sonore incessant.

Pour le reste, c’est simple comme bonjour et bigrement efficace comme rarement. Du punk bien noisy, des mélodies dotées d’un soupçon d’insouciance souillées par 42 couches de guitare plus crades les unes que les autres (l’incandescente “Tidal”, la survoltée “Drippy”). La bonne vieille formule qu’on aime. Et quand le riff de “Soft Collar Fad” évoque celui de “Been A Son” de Nirvana, il fait passer ce dernier pour une gentille comptine inoffensive. La facette grungy est également dignement représentée sur la plus modérée mais tout aussi (sinon plus) réussie “Send Me” où Dean Allen Spunt (batteur/chanteur un chouïa plus hargneux que Phil Collins) adopte un chant mélancolique du plus bel effet.

Difficile de retenir un titre plutôt qu’un autre dans ce disque furieusement énergique qui parvient à éviter plutôt bien la redite et où chaque riff concourt au titre du “plus efficace, tu meurs“. Une chose est sûre : une fois adopté Snares Like A Haircut, vous ferez toujours en sorte de trouver le temps de l’écouter.

Jonathan Lopez

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