Marvin – Barry (Africantape)

Publié par le 1 juillet 2013 dans Chroniques, Toutes les chroniques

marvin_barry« Qu’est-ce que c’est que ce truc de dingo ? ». Voici sans doute la réaction là plus fréquemment entendue à l’écoute de ce disque. C’est vrai, ces gens-là sont sans doute fous et il serait d’ailleurs injuste de ne pas saluer leur grand talent pour trouver des titres de morceaux complètement cons. L’album précédent avait placé la barre très haut en la matière avec « Conan Le Bastard », « Reste Bien Tranquille » et autres « Moustache 34 ». Sur celui-ci, mention spéciale à « Giorgio Morricone », « As Noisy As Possible », « Un Chien En Hiver » ou « We Won’t Get Fooled Again Anymore », en référence à qui vous savez (si vous savez pas, allez d’abord faire un tour par là et apprenez la vie. De rien.)

Pour vous donner une idée du contenu du disque, regardez la pochette et dites-vous que vous vous trouvez dans ce modeste château un peu en ruines muni d’un lance-pierres quand une horde de barbares armés jusqu’au dents se précipitent vers vous.

C’est un peu le sentiment qu’on a à l’écoute de Barry. Un assaut permanent. Et un groupe qui déploie l’artillerie lourde pour gentiment nous massacrer. « Tempo Fighting », surpuissant morceau d’ouverture, est déjà un sérieux avertissement.

On est bien dans son canapé et on se prend ça de plein fouet. Ça secoue un peu mais ça permet d’emmagasiner pour la suite des débats. Et quand l’intro se fait plus calme (« Un Chien en Hiver »), on se doute bien qu’il y a anguille sous roche, que la tempête n’est jamais loin.

À l’exception de la très punchy « As Noisy As Possible », Barry est entièrement instrumental. Et Barry tabasse. C’est rien de le dire. Au programme, des couches et des couches de guitares dévastatrices, des synthés plus tarés les uns que les autres et pour encadrer le tout une batterie affolante d’intensité (le mec doit avoir cinq bras).

Décrit comme ça, l’album peut sembler aussi digeste qu’un cheesecake au caramel noyé sous des litres de chantilly. Et ben il passe très bien pourtant. Les giclées mélodiques qui ne sont évidemment pas la première chose qu’on remarque lors des premières écoutes sont dosées juste ce qu’il faut pour rendre ce monstre à douze yeux aussi jouissif qu’addictif. On a l’impression que ça arrive de partout, que ça se barre dans tous les sens mais ça ne se casse jamais la gueule (à l’image de l’énorme « Automan », semblable à une épopée vertigineuse, ou l’impressionnante cavalcade de « Giorgio Morricone » dont les 3 minutes en paraissent 12).

Le trio montpellierrain ne nous laisse jamais le moindre répit, tout est extrêmement chargé, brutal, agressif mais la construction des morceaux est tellement ahurissante de maîtrise qu’on finit par se complaire dans cet environnement de doux psychopathes. Le travail effectué à la production est absolument dantesque et la cohérence de l’ensemble jamais mise en défaut. On pense à Battles pour les constructions math rock alambiquées, mais en plus noise évidemment.

Ce disque n’est évidemment pas à mettre entre toutes les mains, certains vont prendre peur ou lâcher l’affaire après s’être fait laminer par les trois premiers titres. On en sort rincé, couverts d’hématomes et on se dit qu’on ne nous y reprendra plus, qu’on ne nous laissera plus aux mains de ces barbares. Mais les plus coriaces qui résisteront à l’impact lors des premiers assauts ne demanderont qu’une chose ensuite : repartir au combat avec Marvin.

 

JL

 

Écoutez “Giorgio Morricone”.

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