Lysistrata – Breathe In/Out

Publié par le 15 octobre 2019 dans Chroniques, Notre sélection, Toutes les chroniques

(Vicious Circle, 18 octobre 2019)

Automne doré pour le rock français ! Ce ne sont plus les feuilles mais les excellents albums qui tombent ! Après ceux de Last Train et Mars Red Sky, voici qu’arrive le 2e album de Lysistrata.

Un groupe qui déploie une grosse énergie sur scène et à l’image de leur twitter qui les présentent « Post un peu tout, Math Post Noise Indie rock », un style qui navigue brillamment entre les genres et les décennies (des nineties à nos jours). The Thread, premier album marquant, explorait sans complexes, et sur des morceaux souvent dantesques, une musique hybride se foutant allègrement des étiquettes du genre rock à dominante instrumentale. Le groupe y intégrait aussi de façon plus appuyée le chant.

Dans une dynamique semblable, Breathe In/Out marque toutefois une évolution : les 9 titres semblent plus directs et concis (un seul excède les 8 minutes). Mais derrière ce format plus « classique » qui doit sûrement beaucoup à l’émergence du chant (seul le dernier titre n’est pas chanté), le groupe sait toujours surprendre au gré de morceaux à tiroirs redoutables. Envoyé en éclaireur avant l’album, « Mourn » confirme leur talent pour un rock dynamique toujours tendu et plein de surprises. Intro subtile au rythme lent (qui n’est pas sans rappeler les regrettés RIEN), accélérations foudroyantes, petit récital à la guitare, le trio manie parfaitement l’accélérateur mais joue aussi habilement du frein dans de subtiles digressions mélodiques. Ce titre, pile au milieu de l’album, semble le scinder en 2 parties. La première, plutôt énervée (« Boot On A Thistle » et sa cowbell entêtante), s’ouvre sans round d’observation avec un « Differents Creatures » qui démarre pied au plancher et se joue des limitations de vitesse. Le chant collectif rajoute une belle dose d’énergie (pas comme si les titres en manquaient !) et ses 4 premiers morceaux ne sont pas sans rappeler les américains d’At The Drive-In ou le rock tendu d’un Fugazi (« Scissors » notamment).

La deuxième partie de l’album s’ouvre avec l’excellent et mélodique « End Of The Line », au rythme tranquille juste entrecoupé d’explosions soniques. Pas une ballade (faut pas abuser non plus) mais un titre parfait pour souffler un peu après un début d’album copieux et éreintant. « Everyone Out » est lui aussi moins tonitruant, et on y trouve même une guitare acoustique plutôt inhabituelle pour le groupe. Plus nuancée, et jouant habilement des changements de tempos (le très bon « Against The Rain »), cette deuxième partie d’album apporte un contraste bienvenu à l’ensemble de l’album. Le titre final renoue avec le long format. « Middle Of March », presque 9 minutes d’un (post)-rock d’abord inquiet, avec en fond sonore le sample d’un monologue, puis carrément noise dans un final tout en larsens. Inattendu et sombre.

Lysistrata signe donc un deuxième album solide, quoique plus direct et plus compact que The Thread. Pour chipoter, on pourrait déplorer l’absence d’un tiercé gagnant comme « Answer Machine » / « Sugar and Anxiety » / « Reconciliation » sur le précédent (m’en suis toujours pas remis). Sinon, on peut aussi se féliciter d’entendre (encore) un (jeune) groupe français confirmer ses belles promesses. Avec talent et une belle énergie. Que l’on a hâte de les voir déployer à nouveau sur scène. Les sanglots longs des violons de l’automne… Halte là ! N’en déplaise au poète, le rock français en a décidé autrement cette année. Ce sera grosses guitares au menu ! Merci Lysistrata !

Sonicdragao

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