King Tuff – The Other

Publié par le 15 avril 2018 dans Chroniques, Notre sélection, Toutes les chroniques

(Sub Pop, 13 avril 2018)

Quand on aime, on ne compte pas, dit-on. Il semblerait que ce ne soit pas tout à fait vrai.

Je compte. Dix ans depuis le dernier album de Witch et surtout depuis que j’ai découvert rétroactivement le précédent, qui doit être dans le top 20 de mes disques préférés aujourd’hui, et qui a éveillé mon intérêt pour Kyle Thomas.

Six ans depuis le deuxième album de King Tuff, le premier sorti chez Sub Pop, qui enchaine les tubes power pop teintés de glam 70s, qui démontrait un savoir mélodique et une capacité à composer des pépites pop rock hors pair et qui surtout m’avait mis une sacré claque, au point de faire rentrer Kyle Thomas dans ma liste des artistes à suivre coûte que coûte. La seule chose que je ne peux pas compter, c’est le nombre d’écoute des disques sus-cités.

Quatre ans depuis le dernier disque de King Tuff, chroniqué ici, et depuis une interview intéressante où l’artiste nous donnait quelques pistes pour entrer dans son univers, notamment son envie de ne jamais vraiment refaire la même chose. Et un écart deux fois plus grand entre le disque qui sort cette année et Black Moon Spell qu’entre ce dernier et celui d’avant.

Depuis, une tournée mondiale dans le groupe de son pote Ty Segall, dont je trouvais que la musique avait tendance à déteindre sur Thomas, et de longs mois d’interrogations sur ce qu’allait bien pouvoir devenir King Tuff. Puis trois singles présentés en avance et des réponses qui laissent presque plus de questionnements sur ce qu’allait être le disque.

The Other s’ouvre par le morceau éponyme, qui ne respire pas la joie de vivre, longue ballade monotone qui pourra paraitre aussi chiante à celui qui y reste hermétique que sincèrement émouvante. Étonnamment, je suis passé après quelques écoutes de la première à la deuxième catégorie. Après cela, le reste est plutôt homogène, mais paradoxal : c’est toujours de la pop marquée par les années 70, dansante et enjouée à  l’exception des ballades, on sent la patte de King Tuff dans les compositions, mais le style général est plus tourné vers ce qu’on pourrait qualifier de “disco” sans faire vraiment musique de boite, les chansons restent simples mais l’instrumentation plus complexe ; et paradoxal pour moi, l’ensemble est indéniablement de qualité mais ne m’accroche pas du tout.

Mine de rien, deux disques déjà de l’artiste avec lesquels je me sens en décalage. Et pourtant, même s’il ne me plait pas trop, je ne peux pas m’empêcher d’y revenir un sourire aux lèvres, de l’écouter avec bienveillance et intérêt. Je ne connais pas Kyle Thomas personnellement, mais j’ai l’impression d’écouter le disque d’un ami qui serait dans un délire musical auquel je suis complètement étranger mais dans lequel je prendrais plaisir à le retrouver pour ce que j’y perçois de lui. Je ne peux pas dire que j’aime beaucoup ce disque de King Tuff, mais j’aime l’artiste, j’aime refaire son parcours, j’aime voir qu’il évolue, j’aime sentir qu’il fait la musique qu’il veut faire, même si ce n’est pas celle que je voudrais entendre, j’aime rechercher les émotions qui l’ont poussées à composer tel ou tel titre, et j’aime compter sur lui, savoir que chaque fois qu’il sortira un disque, je prendrai plaisir à y jeter une oreille attentive.

Comme quoi, même quand on aime, on compte. Quand on aime, ça compte.

Blackcondorguy

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