Interview – Shannon Wright

Publié par le 15 septembre 2019 dans Interviews, Notre sélection, Toutes les interviews

Nous avons besoin d’artistes comme Shannon Wright. Pour garder foi en l’indie rock, le vrai, pas celui qu’on cherche à nous vendre à tout bout de champ, de manière souvent galvaudée. Une artiste qui ne vit pas de sa musique mais qui ne vit que pour elle, qui se livre sans fard ni calcul, qui surprend de disque en disque. Alors qu’on ne savait trop où la caser entre folk intimiste et rock enragé, elle a créé une nouvelle case pour son précédent disque qui mettait à l’honneur le piano et les bidouillages électroniques. Cette fois-ci, avec Providence, album se reposant uniquement sur son piano et sa voix (quelle voix !), on se demande bien si elle ne serait pas devenue musicienne classique. Mais l’essentiel est ailleurs, l’essentiel c’est que Shannon persiste à creuser un sillon qui lui est propre et que l’inspiration ne faiblisse pas. Pas d’inquiétude, nous avons pu vérifier à la faveur d’un long entretien téléphonique que l’envie est toujours intacte et la passion ardente.

“Ce qui compte le plus, ce sont les chansons. Elles priment sur tout, quel que soit le genre ou les instruments auxquels tu joues. Les gens qui se focalisent sur le fait que je joue ou non de la guitare, ce ne sont pas des vrais fans, ils ne comprennent pas ce que je fais.”

© Jason Maris

Avant d’écrire Division, ton album précédent, tu as eu des moments très difficiles, où tu étais désespérée et pensais arrêter. Dans quel état d’esprit te trouvais-tu avant d’enregistrer ce nouveau disque ?
Honnêtement, je suis toujours comme ça. (Rires) Ce n’est pas facile, j’adore ce que je fais mais je ne gagne pas d’argent. C’est purement pour l’amour de la musique. Je me suis dit plusieurs fois que j’allais arrêter. Mais j’ai ça en moi, c’est très difficile à expliquer, c’est comme si une seconde peau poussait. Quand je pense à arrêter, je peux mentalement le décider mais la musique est toujours présente… Durant cette période en particulier, on m’avait demandé de jouer avant un groupe, c’était vraiment leur concert, pas le mien, parce que le promoteur voulait que j’y sois. C’était un groupe de hippies, très sympas mais pas vraiment du même genre que moi. J’étais contente du concert mais à la fin en backstage, j’étais très triste et je me suis dit « ok, c’est fini, je ne peux plus continuer. C’est trop difficile. » Puis, Katia Labèque m’a rejoint en backstage et elle était très enthousiaste, je lui ai dit que j’appréciais ses compliments mais que j’allais arrêter car je ne gagnais pas d’argent, que je le faisais depuis si longtemps et que c’était trop difficile. Elle s’est montrée très insistante et elle a trouvé les mots pour m’encourager, elle était au bon endroit, au bon moment. Pour remettre un peu de lumière.

Et on peut presque parler de tournant dans ta carrière car ensuite tu as enregistré Division avec elle qui était assez différent avec très peu de guitare et beaucoup de piano, un côté expérimental aussi. Et cette fois, tu sors Providence, où il n’y a que ta voix et du piano. Division et ta rencontre avec Katia ont-ils joué un rôle prépondérant pour te sentir suffisamment confiante en tes capacités à sortir un disque où le piano occuperait une telle place ?
Je suis sûr que ça a eu un impact inconsciemment. Son piano et celui de sa sœur sont les plus beaux que j’ai jamais vus, particulièrement celui de sa sœur, Marielle. Quand j’ai enregistré Division, c’était très inspirant. Je ne sais pas si Katia a eu un réel impact sur ma musique hormis le fait de me dire au moment opportun que ne devais rien à personne, que je devais simplement jouer ma musique. J’ai toujours raisonné comme ça, toujours fait différents genres de disques. Je me dois de faire ça en tant qu’artiste, je ne peux pas sortir les mêmes disques. Ça n’aurait aucun intérêt. Si les gens n’aiment pas, tant pis… On change tout le temps donc continuer à faire la même chose serait mentir. Elle a en quelque sorte insisté sur la nécessité de ne pas me mettre de pression. Et j’ai toujours voulu faire un album au piano, depuis mes tout débuts. Et j’ai commencé par faire une chanson ou deux au piano… Cet instrument me vient toujours facilement, c’est bizarre. C’est très instinctif, je n’ai jamais pris de leçons, j’ai toujours été autodidacte dans ma musique et le piano est comme une seconde nature chez moi. J’ai également fait la B.O. du dernier film de Guillaume Nicloux, Les confins du monde, et j’ai tout fait toute seule chez moi, tout enregistré moi-même et c’était une super expérience, j’ai vraiment adoré. Ça m’a pris des heures chaque jour, c’est la première fois que je faisais ça. Je pense que c’est ça, le fait d’être seule chez moi avec mon piano, isolée parfois pendant 12 heures, qui m’a inspiré pour ce disque.

C’était plus compliqué que d’habitude, ou du moins particulier, d’enregistrer le chant, vu qu’il n’est soutenu que par du piano ? J’ai l’impression que ta voix n’a jamais été aussi exposée…
C’était clairement flippant. Ce que j’ai toujours voulu accomplir plus que tout est d’être une compositrice capable d’établir une connexion avec les gens. Je ne me suis jamais considérée comme une chanteuse, une pianiste ou guitariste, la seule importance, ce sont les chansons. Je ne m’étais jamais autant concentrée sur la voix par le passé car l’ensemble est essentiel. Toutes les parties, les overdubs, les batteries, tout est lié. Donc, se retrouver aussi mise à nu était vraiment difficile mais je tenais à obtenir quelque chose de très intime et brut, comme si on pouvait pénétrer mon esprit. C’est comme si je laissais libre cours à la voix à l’intérieur de moi. Mais c’était évidemment effrayant. Je cherche toujours la mélodie vocale la plus expressive.

Et tes textes tournent beaucoup autour des émotions, l’amour, la séparation… Qu’as-tu cherché à exprimer particulièrement ? Ces textes ont été écrits sous forme de poèmes, était-ce différent à adapter ?
Mon père est décédé pendant que j’écrivais ces chansons. On n’était pas très proches donc j’ai essayé de repenser à ma vie, à ses différentes étapes et chapitres. Quand on y réfléchit, on vit tous plusieurs vies, entre les amours passés, les souvenirs de l’enfance, les amitiés, le travail… Je trouvais ça intéressant, on a tous nos capsules temporelles, certaines se rejoignent, d’autres non. Tu penses être une personne à un moment de ta vie, mais tu réalises que tu en es une autre. Et comment tout cela est connecté en une seule vie, je trouvais cela troublant et beau à la fois. J’ai beaucoup repensé également à mon enfance, à mon isolation lors de cette période et certaines relations horribles. Voilà, c’est donc de la poésie.

Ce ne sont donc pas des textes abstraits, ils sont vraiment personnels cette fois.
C’est un peu personnel, mais il y a toujours une part d’abstrait. Je ne les conçois pas comme ma propre histoire mais de façon plus large, quelque chose qui correspond aux gens, en général. C’est difficile à expliquer. C’est comme si ma voix pouvait parler au nom des autres. Car on éprouve tous les mêmes sentiments, c’est simplement que certains en parlent plus que d’autres. C’est quand même un disque plus personnel, mais je ne peux pas non plus le présenter en disant « voici mon histoire ».

David Chalmain s’est-il imposé comme un choix évident, voire l’unique option, à la production, vu que ça s’était très bien passé sur Division et que, cette fois encore, le piano est très présent ?
En fait, ça avait commencé avec Steve Albini, on avait fait des démos ensemble, à Chicago. Mais les chansons n’étaient pas encore tout à fait en place. Mais c’était très bien car j’ai une confiance immense en Steve et il a toujours eu une présence très importante pour moi. Quand je me questionne sur ma vie d’artiste, il me dit toujours « n’arrête jamais ! ». Je lui ai d’abord dit que j’avais cette folle idée de faire un disque au piano, et il m’a répondu « viens, et on va juste passer du temps ensemble. Tu joues, et on verra… » C’est ce qu’on a fait et on a dû enregistrer 4 chansons et on a surtout… parler, beaucoup trop ! (Rires) Je n’étais pas tout à fait satisfaite mais c’était super de pouvoir entendre ce qu’on avait enregistré et de pouvoir les améliorer ensuite. J’en ai ensuite parlé à David, et j’ai enregistré, toujours sur le piano de Marielle. David et moi sommes également très proches donc ça a très bien fonctionné. J’ai ramené beaucoup de chansons chez moi, j’y ai enregistré les voix et quelques détails. C’était très plaisant de pouvoir tout ramener chez moi et de les travailler seule dans ma chambre.

Et tu t’es appuyée sur les quatre démos déjà enregistrées avec Steve ou tu les as abandonnées ?
Oui, je les ai gardées mais on a tout ré-enregistré pour que ce soit sur le même piano. Mais c’était comme des brouillons des futures chansons. Steve les a simplement enregistrées et m’a autorisé à travailler dessus ensuite. J’étais très vulnérable et apeurée. C’était bien d’être avec lui au début, parce qu’il m’a donné confiance, c’est un grand fan de mon jeu de guitare, il n’arrête pas de me le dire ! (Rires) Je n’osais pas trop lui dire « j’ai des chansons au piano », alors qu’il adore quand je joue de la guitare… Et c’est Steve Albini quand même ! On ne débarque pas comme ça pour jouer du piano ! J’ai donc dû affronter ma plus grande crainte : le décevoir (rires). Mais il était très excité et m’a beaucoup soutenu, je pense que j’en avais besoin.

Tu parlais de ton public qui est habitué à être désorienté d’un album à l’autre. As-tu eu le sentiment de toucher un nouveau public avec Division, et, a contrario, d’avoir perdu en route certains fans, plus attirés par ta facette rock ?
Oh oui ! Même si je n’y prête pas vraiment attention… Déjà, j’ai tendance à avoir un public plus masculin que féminin, je ne comprends pas pourquoi, c’est assez décevant… Certains amis m’ont dit qu’ils avaient lu des trucs en ligne genre « elle ne joue plus de guitare, qu’est-ce que c’est que ces chansons au piano ?! »… Et ça me fait rire, parce que je ne conçois pas la musique de cette manière. Un de mes artistes préférés est Neil Young et il a fait tant de disques si différents… Pour moi, ce qui compte le plus, ce sont les chansons. Elles priment sur tout, quel que soit le genre ou les instruments auxquels tu joues. Les gens qui se focalisent sur le fait que je joue ou non de la guitare, ce ne sont pas des vrais fans de toutes façons, ils ne comprennent pas ce que je fais. Voilà ce que je pense. Tant mieux s’ils aiment les chansons à guitare, et ce n’est pas grave s’ils n’aiment pas un album, ils peuvent revenir plus tard. Ce n’est pas le dernier album que je fais, j’ai déjà des chansons en moi… Je ne peux pas satisfaire tout le monde, ce n’est pas ma manière de faire de la musique. Si tu fais de la musique pour les mauvaises raisons, tu mens. Et je ne suis pas une menteuse…

Tu as donc déjà des chansons en toi. Tu sais comment ça va sonner ? Penses-tu revenir à un disque plus noisy… ou c’est un peu tôt pour en parler ?
C’est un peu tôt ! Mais ce ne sera pas un disque de piano. Je commence déjà à le visualiser. Je ne dirais pas que ce sera noisy, mais j’ai un feeling plus sensuel, je crois. Bon, je ne sais pas, c’est encore tout petit en moi (rires).

Je ne sais pas si tu le fais souvent mais pendant cet enregistrement, as-tu écouté beaucoup de musique classique ?
Non, je n’en ai pas spécialement écouté. Je n’en écoute pas très souvent, de toute façon. Comme tout le monde, j’adore Beethoven. C’était vraiment le punk de cette période. À mes débuts, certains me comparaient à des compositeurs dont je ne connaissais même pas les noms. « Tu as dû beaucoup écouter tel artiste ? », « c’est qui ça ? ». Je n’ai jamais compris d’où venait ce piano, mais parfois on entend quelque chose deux secondes et on bloque dessus, sans même s’en rendre compte. Comme je n’ai jamais eu de leçons de piano, j’ai très peu de références musicales en piano. Je crois que j’en joue de façon assez similaire à la guitare. J’aime quand il y a beaucoup de basse et j’ai vraiment des préférences sur la façon dont le piano devrait sonner. J’aime quand il est fluide mais absolument pas quand il sonne trop brillant ou joyeux. Comme pour la guitare, j’apprécie certaines tonalités et d’autres pas du tout. L’instrument en lui-même est parfois ce qui m’inspire le plus, ça devient un paysage où je peux m’évader et faire tout ce que je veux. J’adore vraiment mon piano même s’il est assez simple, il a beaucoup de basses. Et faire cette B.O. m’a mis dans un état d’esprit très « cinématique », comme je disais tout à l’heure, notamment quand je repensais à toutes ces périodes de ma vie.

Tu as déjà réfléchi à la façon tu allais élaborer tes setlists pour ta prochaine tournée ? Ce sera forcément un peu particulier avec cet album assez différent… Tu as déjà une idée de l’équilibre à trouver entre les nouvelles et les vieilles chansons ?
Oui, enfin j’y travaille. Je vais jouer les nouvelles chansons et des plus anciennes, peut-être même des très anciennes… que je n’ai jamais jouées. Il va falloir que je les apprenne de nouveau ! (Rires) Il y en a que j’adore et je n’ai peut-être pas pris suffisamment soin d’elles pour les jouer, ou je les trouvais compliquées à adapter, j’avais peur de mal les jouer. J’ai toujours peur de les « esquinter », d’une certaine manière. Je pense faire aussi des chansons à la guitare, mais pas comme dans mes sets solos habituels. Je veux vraiment que les gens viennent aux concerts l’esprit ouvert, prêts à vivre quelque chose de différent, AVEC moi. Car c’est quelque chose de différent, aussi. On a besoin aussi de ça dans notre vie où tout est de plus en plus répressif. Il nous faut quelque chose pour sortir de cette répression. Et il ne faut pas forcément de la musique forte et agressive pour ça.

Et tu vas jouer au Trianon à Paris. C’est la plus grande salle dans laquelle tu aies jouée ici, non ?
(Rires) Oh oui !

Je n’essaie pas de t’effrayer encore plus (rires) mais j’imagine que c’est un bel honneur…
(Rires) Je suis déjà effrayée ! Et c’est si beau ! Je n’avais jamais imaginé jouer là-bas, crois moi. J’espère me perdre dans mon monde musical, et que tout le monde me rejoigne…

“Je trouve que les guitares ont tendance à sonner trop aigües. J’ai trouvé un moyen d’y intégrer des sons de basse, et j’ai peu à peu appris à maitriser ce son, cette façon de jouer de la guitare. Je ne connaissais personne qui jouait comme ça. Et je réalise que j’ai créé ce style moi-même.”

© Jason Maris

Je ne trouve pas vraiment de chanteuses avec qui tu partages beaucoup de points communs dans ta façon d’être, ton son, ton chant… As-tu eu quand même des modèles ou inspirations féminines dans ta jeunesse ?
(Elle réfléchit) Quand j’étais une petite fille, une amie de ma mère était fan de Blondie et je l’ai alors découverte et j’aimais beaucoup. Et il y avait un groupe d’art punk, ils étaient tous à l’université et ont décidé que leur projet artistique serait un groupe. Ils s’appelaient Pylon et ce groupe avait une chanteuse et je n’avais jamais vu une fille qui se comportait sur scène d’une façon qui me correspondait totalement. Elle ne prêtait absolument pas attention à son look, n’essayait pas d’être belle, elle était complètement elle-même, devenait complètement folle sur scène et je me disais « oh mon dieu, c’est exactement moi ! ». Je m’identifiais beaucoup à elle. C’était tellement rafraichissant de voir ça. Elle m’a fait une grosse impression. Musicalement je n’ai personne en tête. Il n’y en avait pas tant que ça quand j’étais jeune, il y a bien plus de musiciennes aujourd’hui, ce qui est une très bonne chose. Mais j’ai toujours tenu à faire les choses de ma propre façon et à simplement écrire des chansons qui pourraient toucher les gens, comme ça m’est arrivé. Dans mes moments les plus difficiles, la musique m’a sorti de ma tristesse. J’essaie aussi de transmettre ça via ma musique, une voie pour s’évader. Et j’ai toujours été anti guitariste, quand j’ai commencé à en jouer, je trouvais ça ringard ! (Rires) Il y a tellement de mauvais guitaristes dans le monde. Ils savent jouer, ils peuvent même être incroyables techniquement, mais ils jouent des trucs de mauvais goût… Je trouve que les guitares ont tendance à trop sonner aigües. J’ai trouvé un moyen d’y intégrer des sons de basse, et j’ai peu à peu appris à maitriser ce son, cette façon de jouer de la guitare. Je ne connaissais personne qui jouait comme ça. Et je réalise que j’ai créé ce style moi-même. Je n’y avais jamais pensé et quand j’étais encore très jeune, lors de mon premier album, on m’a dit que je jouais comme une musicienne blues, ce qui m’a surpris. Je ne savais alors pas ce que je faisais, ça a évolué au fil des années. Maintenant, la priorité est surtout d’écrire les meilleures chansons possibles, de rester honnête, de trouver de belles mélodies, peu importe que les chansons soient agressives ou douces. Il n’y a pas tant d’artistes qui m’ont influencés, c’est notamment les visions de certains qui ont pu avoir un impact sur moi, comme je disais Neil Young est une influence depuis que je suis adolescente, il a sorti tant de disques incroyables… et je les ai tous ! (Rires)

J’ai lu que tu étais parfois énervée à propos d’articles à ton sujet, notamment de comparaisons avec d’autres chanteuses d’ailleurs… Tu continues à lire la presse te concernant ?
C’est marrant comme ça a évolué au fil des années. Quand j’ai commencé à faire de la musique, la presse musicale n’était pas très ouverte vis-à-vis des artistes féminines… Aux Etats-Unis, la plupart des mecs qui écrivaient sortaient de l’université et j’ai eu droit à plein de papiers du genre « elle est en colère, elle est agressive », le cliché de mecs intimidés par la femme forte. Ça et « ça ressemble à Bjork, à PJ Harvey »… Que des comparaisons avec des chanteuses, c’était tellement frustrant… Il y a eu des interviews où j’étais vraiment choquée, on m’a déjà demandé « comment as-tu pu soulever une guitare ? C’est super lourd ! ». Et je me disais « quoiii ? Il m’a vraiment demandé ça ?! ». Mais ça a beaucoup changé, j’ai vécu tellement de choses avec la presse… Ma musique ne s’adresse pas non plus à n’importe quel critique musical parce que c’est très émotionnel, chacun a ses préférences et ça peut être frustrant de lire des articles écrits par quelqu’un qui n’aime pas du tout le genre de musique que je fais. Je me dis que quelqu’un de solitaire qui a besoin d’écouter mon disque pour aller mieux va passer à côté à cause de ce mec stupide… Maintenant, ça a changé, il y a plein de gens qui écrivent, plein de sites, il n’y a plus seulement 4 ou 5 magazines qui traitent de l’indie rock… En tout cas, lire ce genre d’articles ne me fait pas de bien, même si ça dit du bien de moi, parce que j’accepte mal les compliments aussi (rires).

As-tu envie de collaborer de nouveau avec un autre artiste prochainement ? Ton album avec Yann Tiersen a été un franc succès… tu parlais de Steve Albini qui adore ta façon de jouer de la guitare, ça pourrait être une idée !
(Rires) Oui, pourquoi pas. Je n’y avais pas réfléchi. Je ne suis pas vraiment faite pour les collaborations. Avec Yann Tiersen, ça s’est produit plus ou moins par accident. Je n’y avais pas réfléchi avant, on n’est pas allés l’un vers l’autre avec cette idée, on s’est simplement rencontrés et on a réalisé qu’on avait pas mal de points communs musicalement. Il y avait une certaine logique. Et nos personnalités étaient proches aussi. Aucun de nous ne souhaitait prendre la main, c’était vraiment du 50-50. Ce type de collaboration peut fonctionner. Car j’ai une idée très précise de ce que je veux, que ce soit au niveau des textes, des mélodies, et il était vraiment ouvert à tout. Cette collaboration était très amusante et on était vraiment connectés. Mais globalement, c’est compliqué pour moi ce type de projets car ma musique est très émotionnelle, donc ceux qui sont avec moi doivent vraiment me suivre complètement, ou alors ça semblerait bizarre. Donc je ne suis pas une grande collaboratrice.

Peut-être que si Neil Young te demande, tu auras du mal à refuser…
(Rires) Il y a des chances que je le rappelle le lendemain…

Interview réalisée par Jonathan Lopez. Merci à Guillaume de Vicious Circle.

À lire également dans new Noise #50 (septembre-octobre) actuellement en kiosques.

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