Hanni El Khatib – Head In The Dirt (Innovative Leisure)

Publié par le 16 mai 2013 dans Chroniques, Toutes les chroniques

Hanni-El-Khatib-Head-in-the-DirtHanni El Khatib, appelé encore HEK, est un californien pur jus malgré son patronyme d’origine palestinienne. Né à San Francisco, ce musicien qui a le vent en poupe, vient de publier son second album Head In The Dirt. Aucune fioriture et pas de temps à perdre sur ce disque dense qui contient 11 titres torchés en 33 minutes chrono. Album produit par Dan Auerbach (guitariste et chanteur du groupe The Black Keys), et cela s’entend.

La pochette marrante est un zoom sur la jaquette en jean de l’artiste himself, tête de mort et roses rouges, véritable hommage à Grateful Dead, immense groupe psychédélique de Frisco. Ce détail semble annoncer le contenu, les influences de l’artiste âgé de 31 ans ne sont résolument pas de sa génération, plutôt de celle de ses parents, voire de ses grands-parents.

Le type a les oreilles et l’esprit grand ouverts et puise dans de nombreux genres avec talent : garage rock, blues, punk, rockabily ou reggae. Influences vintage assumées, comme d’autres groupes américains du moment (The Black Angels ou Allah-Las).
Le titre lascif « Head In The Dirt » ouvre donc le bal, tourbillon de claviers et guitare, avant de laisser place à un duo basse-batterie assez groovy et HEK qui lance « I want my money back, I want my lovin’ back ». Spirale sonore en outro. Le disque est placé sur d’excellentes bases.

« Family » déboule pied au plancher, changement complet de style, riffs et solis hargneux d’une guitare féroce. « Coz we are family ’til the day we die » jure l’intéressé. On ne demande qu’à le croire. L’empreinte Auerbach est imprimée très fortement sur ce très bon titre.
« Skinny Little Girl », chouette ballade (le plus long morceau du disque) à la mélodie accrocheuse en diable, démontre la capacité de Hanni à sauter d’un genre à l’autre sans se planter. Pas donné à tout le monde.
Sur « Penny », un clavier pop invite à sautiller dès les premières notes. Style radicalement léger, aucune prise de tête, pour le coup, on est plus proche du surf que du garage. Le bougre connait ses classiques, cela fait penser également aux mélodies sucrées dont Beck avait le secret.

La promenade continue, avec un détour vers un reggae survitaminé, « Nobody Move », guitare puissante et orgue farfisa à la pulsation. Plus proche des Deads 60’s que de Steel Pulse, le titre arrache tout sur son passage. Succès garanti dans les teufs.
« Can’t Win Em All » et « You Pay No Mind », deux rocks influence garage bien troussés, maintiennent le rythme.

Déboule enfin pour moi, le titre le plus jouissif de ce disque, « Save Me », comme si Bo Diddley était redescendu sur terre le temps d’un enregistrement filer un coup de main au jeune HEK qui assure  parfaitement les parties de guitare et de chant, avec un son résolument fifties.
Après un petit coup de mou sur « Low », Hanni repart à fond la caisse pour une virée sur les plages californiennes « Sinking In The Sand », 2’30 sans souffler.
Après ces moments d’excitation, il est temps de récupérer. Repos mérité avec « House On Fire ». Le titre prend son temps pour s’installer, HEK plante le décor peinard, comme s’il entonnait une chanson pour les potes, genre fin de soirée, avant de se décider à lâcher les chevaux une dernière fois et d’emballer le rythme avec son « band ». Belle sortie sur cet excellent disque.

Son look ravageur, cheveux gominés et bardé de tatouages et très étudié ne doit pas cacher un musicien sincère. HEK est un amoureux des vieux rocks, et il le témoigne en reprenant régulièrement de vieux titres en concert comme par exemple « Heartbreak Hotel », immortalisé par Elvis Presley.

Il entame une tournée pour porter ce nouvel album sur scène, en compagnie de The Black Angels mais il ne passera pas par l’Europe cet été. Dommage, car à mon avis le concert cumulé de Hanni et des Anges Noirs doit valoir le déplacement. Un pur moment de Rock’n’Roll et ce n’est pas si fréquent.

 

El Padre

 

Écoutez « Save Me »

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