Deftones @ Trianon (Paris), 22 et 23/02/13

Publié par le 27 février 2013 dans Live reports

chino

Un groupe mastodonte de la trempe de Deftones qui fait une double date dans une petite salle comme le Trianon, ça fleurait bon l’aubaine, le truc immanquable. On aurait eu l’air malin de passer à côté de ça.

Et pour fêter l’évènement on vous refait le coup de la chronique à quatre mains (remember Les Pogues), JL et JR sur un plateau comme ça, allez ça nous fait plaisir.

Donc le 22 on débarque plutôt confiant, avec le pressentiment qu’ils vont nous en mettre plein la tronche et qu’on va prendre notre pied comme au bon vieux temps. JL a même ressorti son vieux sweat à capuche White Pony époque lycée pour l’occaz.

La première partie est assurée par le groupe Letlive qui a contribué a bien chauffer la salle, avec un son hardcore venu de L.A., le public semble avoir apprécié l’énergie fournie par le combo. Une fois leur set terminé, on se presse avec hâte vers les premiers rangs pour se trouver une place de choix afin d’observer au mieux la bande à Chino.

La salle est toujours super classe et on se dit qu’on en a de la chance d’être là pour cette soirée de gala. D’autant que pour avoir déjà vu Deftones à deux reprises, on sait que c’est pas le genre de concert où on se surprend à bailler mais plutôt à vérifier si on n’a pas perdu un bras en route.

Après une courte attente la lumière s’éteint, le public beugle et v’la les quatre lascars qui déboulent. Le bassiste, Sergio Vega qui a remplacé Chi Cheng (récemment sorti du coma) arbore un T-shirt d’Aaliyah, pour le moins surprenant. Chino Moreno a bonne mine, bien meilleure que quand ils avaient investi le Zénith de Paris en 2006 où il semblait peser 120 kilos et tentait un audacieux look chaussettes remontées pas du goût de tout le monde (oh t’es pas Rim-K du 113, Chino déconne pas !).

Un ptit “Diamond Eyes” pour commencer, ça mange pas de pain. Gardez des munitions pour la suite les gars, pas con. Derrière on a droit aux clap clap qui introduisent l’excellent “Poltergeist” du non moins excellent dernier effort du combo californien (Koi No Yokan). Un très bon moment, bien percutant.

Le son est très bon, pas surpuissant mais savamment dosé. Dans ce genre de concert on a régulièrement l’occasion d’entendre davantage la gratte au détriment d’autres sons ou du chant, ici tout est très clair ce qui est de bon augure pour les morceaux atmosphériques dont Deftones dispose dans son répertoire.

Chino est déjà bien dedans, pas de round d’observation pour lui. On l’a connu plus long à rentrer dans son concert, là il montre déjà du répondant et une belle maîtrise. Il commence à être expérimenté le gaillard. En ce début de concert, il se plaît à laisser filer des cris aigus histoire de démontrer qu’il est à l’aise avec sa voix et pourrait même s’attirer les faveurs de Jennifer à The Voice.

Ensuite, Deftones passe la seconde et nous met une première taloche derrière la nuque avec successivement deux tueries exceptionnelles qui ne sont plus à présenter : “Be Quiet And Drive (Far Away)” et  “My Own Summer (Shove It)” qui nous donne vite chaud (admirez la subtilité du jeu de mot). Rien de tel pour enflammer le Trianon qui n’en demandait pas tant.

Puis le groupe calme le jeu avec “Rosemary”, formidable morceau aérien du dernier album. Un titre qui illustre bien la nouvelle facette de Deftones et démontre si besoin était qu’il est désormais à des années lumières de groupes comme Korn ou Limp Bizkit auxquels il était souvent associé au début de sa carrière. Non Deftones c’est la grande classe, un groupe qui peut se targuer d’une discographie riche, variée, sans véritable fausse note et qui a surtout su se renouveler avec talent au lieu de rabâcher la même recette de peur d’égarer des fans en chemin.

S’en suit un enchaînement de trois titres de Diamond Eyes, l’avant-dernier album qui d’un coup remonte dans mon estime avec les très physiques “Rocket Skates” et “CMND/CTRL” suivi de la sublime “Sextape” qui confirme que le groupe sait jouer la corde sensible et faire mouche aussi sans avoir besoin de nous passer au broyeur et ramasser les miettes.

Chino nous livre ensuite un petit speech, remerciant les fidèles de longue date et fait un peu le con (genre je bois ma bière cul sec et je tombe raide) avant que le groupe nous balance un gros “Feiticeira” dans la face qui laisse tout le monde sur le carreau. Puis histoire de nous achever un classique de chez classique j’ai nommé “Passenger”. Une version exceptionnelle, tout en subtilité qui fait planer tout le Trianon de la fosse au deuxième balcon. C’est avec des morceaux comme “Passenger” que Deftones se pose là tranquillou au milieu des très grands.

Dans un registre similaire, “Entombed” fait son petit effet mais n’atteint pas la grâce de “Passenger”. “Tempest”, un des singles du dernier album, confirme qu’il est taillé pour la scène et nous fait dresser les poils à son tour…

C’est là qu’un petit malin de la sécurité décide de faire chier JL pour de malheureuses photos ce qui lui vaudra de louper deux titres mais de revenir délesté de son appareil sautillant partout pour un “Headup” de circonstance, morceau idéal pour perdre 3 kilos en quatre minutes et se prendre quelques coups dans les côtes. Chino est épaulé par Jason Aalon Butler, chanteur de Letlive. Sur le morceau original, c’est Max Cavalera qui prêtait sa voix sur le refrain enflammé où il scandait « Soulfly, fly high… » (Soulfly sera d’ailleurs le nom de son nouveau groupe après son départ de Sepultura. C’est tout pour la digression, merci de votre attention).

Le concert aurait pu s’arrêter là, il aurait déjà été très bon… Mais c’est à ce moment que les californiens ont décidé de nous asséner le coup de grâce avec “Change (In The House Of Flies)”, éternel chef-d’oeuvre qui nous fait décoller directos. Un peu moins fine “Bloody Cape” a le mérite de nous inciter à faire connaissance avec nos voisins par le biais de gentilles bousculades. Et c’est là qu’ils nous abandonnent, nous laissant dépités tel des gamins privés de leur jouet qu’ils viennent d’avoir à Noël. Mais on est grands maintenant, on sait qu’on va se reprendre une dernière salve bien méritée.

Un rappel en mode nostalgique avec deux morceaux du premier album pour que le public se déchaine une fois pour toutes et laisse les dernières gouttes de sueur au rythme des riffs surpuissants de Stephen Carpenter et des cris de Chino (qui n’a pas besoin de forcer le moins du monde) sur les monumentales “Engine No. 9” et “7 Words”. Rideau !

Vous en voulez encore ? Allez v’la la suite.

https://i0.wp.com/static.blog4ever.com/2012/10/715728/IMG_3636.JPG?resize=515%2C385

23 février

JR n’a pu se contenter de les voir une seule fois et a donc renouvelé l’expérience le lendemain, cette fois-ci perché sur le balcon, pour mieux soigner ses bleus.

Il est environ 20h45 lorsque Deftones débarque, succédant à Letlive comme la veille. “Be Quiet and Drive” ouvre le bal, parfaitement exécuté comme l’ensemble des morceaux qui suivront. La crainte d’avoir une setlist proche ou équivalente se dissipe rapidement, et c’est fort appréciable.

Le groupe connaît bien cette salle rodée en 2010 à deux reprises à l’occasion de la tournée de Diamond Eyes. Encore plus à l’aise que la veille, la bande de Sacramento, livrent une prestation hors norme, enchaînent à la suite quatres bombes issues de l’album Around The Fur (“Be Quiet and Drive”, “Lotion”, “My Own Summer” et “Lhabia”). Plein d’énergie, Stephen est dans son coin, concentré sur sa guitare, tandis que Chino et Sergio se taquinent et ne tiennent pas en place.

Diamond Eyes est également bien représenté avec trois morceaux d’affilés : le titre éponyme, le puissant “Rocket Skates” et “You’ve Seen The Butcher”.

Chino nous balance quelques phrases entre deux morceaux, trinque avec le public et se fait un malin plaisir à répéter le mot qu’il a appris lors du concert précédent “santé“.

Les morceaux de Koi No Yokan, interprétés en toute aisance, s’intègrent parfaitement à la setlist et encore une fois le crew nous en balancent quatre à la suite (sans doute des fans de Julien Lepers), du rock progressif “Tempest”, suivi du fulgurant “Poltergeist”, qui a littéralement conquis les fans ; des clap clap au riffs ravageurs ce morceau est parfait pour être exécuté en live. Le plus doux et très new wave “Entombed”, calme le public devenu hystérique, et fait l’alternance avec l’intro survoltée de “Swerve City”.

Chino en pleine euphorie descend sur la droite de la scène auprès des spectateurs, en continuant de chanter, pour finir par se faire porter par une foule en délire jusqu’à la scène, pas sûr qu’il aurait tenté le coup en 2006 lors de son passage au Zenith, où le Monsieur était un poil plus enrobé. Même Stephen Carpenter semble surpris et ne retient pas son sourire devant les prouesses de Chino.

Si le groupe n’a mis de coté aucun de ces albums, on note qu’il a pioché un minimum dans Saturday Night Wrist et l’éponyme, mais heureusement pour nous n’a pas épargné le cultissime White Pony avec trois titres extraits dont le magnifique “Digital Bath” où Chino s’arrache les cordes vocales sur le final. On regrettera simplement l’absence de “The Passenger” joué la veille et qu’on ne se lasse pas d’entendre.

Quand les premières notes de “Engine No.9” retentissent on se doute qu’on approche de la fin, Deftones ayant l’habitude de clôturer ses shows par des titres de leur premier album (l’integralité avait eté jouée lors du rappel au zénith en 2006 !), on sait également qu’ils vont tout donner, que dis-je, ils vont être pris d’une véritable poussée d’Adrenaline. Abe Fracasse ses fûts cheveux aux vents de son ventilo, on salue la performance de Sergio qui maîtrise parfaitement le répertoire, Stephen fait du headbang, Chino est déchainé. Franck Delgado (claviers, platines) a quitté ses comparses, ces morceaux étant exclusivement joués basse/guitare/batterie/Chant.

S’en suit “7 Words”, qui avait clôturé le concert de la veille. Le groupe part sous un tonnerre d’applaudissement. Et reviendra quelques minutes après, en remettre une couche avec du sanglant (“Nosebleed” et “Root”) avant de nous saluer. Définitivement cette fois.

Deftones nous a offert un superbe album fin 2012, et vient de prouver qu’il était déterminé à le défendre avec panache lors de ses concerts, nous livrant deux shows très intenses, piochant allègrement dans l’ensemble de sa discographie. Efficaces, surprenants, en très grande forme, le groupe a parfaitement assumé son statut. Ils reviendront en France dès septembre, au Zénith. Une salle dont la capacité est plus conforme à leur popularité. Plutôt réticents au départ, l’idée nous titille pas mal désormais…

JL & JR

Line-up : Chino Moreno (chant, guitare sur certains titres), Stephen Carpenter (guitare), Sergio Vega (basse), Abe Cunningham (batterie), Franck Delgado (claviers, platines)

Setlist 22/02 : Diamond Eyes – Poltergeist – Be Quiet and Drive (Far Away) – My Own Summer (Shove It) – Rosemary – Rocket Skates – CMND/CTRL – Sextape – Feiticeira – Passenger – Entombed – Tempest – Swerve City – Dai the Flu (dedicated to Chi Cheng) – Headup (feat Letlive. singer) – Change (In the House of Flies) – Bloody Cape.

Rappel : Engine No. 9 – 7 Words.

Setlist 23/02 : Be Quiet and Drive (Far Away) – Lotion – My Own Summer (Shove It) – Lhabia – Minerva – Diamond Eyes – Rocket Skates – You’ve Seen the Butcher – Feiticeira – Digital Bath – Tempest – Poltergeist – Entombed – Swerve City – Rivière – Change (In the House of Flies) – Engine No. 9 – 7 Words.

Rappel : Nosebleed -Root.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *