Dans le bac d’occaz #31 : Guns N’ Roses, Passi, Modest Mouse

Publié par le 7 octobre 2018 dans Dans le bac d'occaz

Cher Lecteur*,

J’ai pris la décision d’arrêter le bac d’occaz. Ce n’est pas juste pour le plaisir sadique de te priver d’une chouette rubrique, il reste plein de chroniques sur Exitmusik et d’autres continueront certainement à sortir si Jonathan Lopez n’est pas trop alpagué par ses missions de pigiste chez New Noise. Cependant, je dois me rendre à l’évidence : cette rubrique ne pouvait durer qu’un temps. Il faut avoir une liste sans cesse renouvelable d’albums à explorer, la motivation et le temps à y consacrer pour que celle-ci reste intéressante (on l’espère). Malheureusement, je n’ai plus tout ça.

Voilà le moment émotion où je vais vous dire combien j’ai apprécié d’écrire cette rubrique mois après mois et si toutes les écoutes n’ont pas été des plaisirs, loin de là, je suis très content des découvertes et surtout de cette expérience qui m’aura bien occupé le temps qu’elle a duré. Je recommande à tout le monde d’en faire de même et de se réserver occasionnellement un temps d’écoute pour des albums que vous avez toujours délaissé, c’est enrichissant. Ne serait-ce que pour pouvoir confirmer tout le mal qu’on pense de certains artistes.

Mais ne pleure pas (ou ne te réjouis pas) trop vite. J’arrête le bac d’occaz, c’est certain, mais pas avant d’avoir fait un sort aux dernières recommandations des lecteurs du webzine. Et pour pouvoir boucler toutes celles qui me semblaient pertinentes, je vais faire 2 éditions pour les années qui me restent (les années en 7 et en 8) et caser toutes les propositions qui restent sur l’année prochaine. Dans l’absolu, on peut dire que la rubrique a quelques mois de sursis avant de s’arrêter complètement.

Voici donc la première partie des années en 7.

Merci à tous ceux qui ont lu cette rubrique pendant les 3 années de son existence, régulièrement ou non. C’était sympa.

*je pars du principe que je n’ai qu’un lecteur, je ne dois pas être si éloigné de la vérité.

 

Dans le bac d’occaz #31 : suggestions pour les années en 7

 

 

Guns N’ Roses – Appetite For Destruction (1987) : suggéré par Rémi Rapaic

Cher Rémi,

Je voudrais te raconter une histoire. C’est l’histoire d’un punk qui s’appelle Duff et qui rêve de vivre de sa musique. Pas de bol pour lui, Duff habite à Seattle, autant dire le trou du cul du monde musical. Du coup, Duff déménage à Los Angeles et s’acoquine avec des rockers du coin, dont un qui s’appelle Axl parce qu’il est dyslexique. Comme le punk, ça ne fait pas vendre, ils décident de faire du hard-fm 80s ; ça tombe bien, c’est les années 80, ils ont un guitariste qui branle son manche et Axl adore chanter en slibard en faisant des voix de merde. Du coup, ils sortent un album hard-fm et c’est le succès mondial, ils ont eu raison de laisser tomber le punk parce que c’est pas en faisant du punk à Seattle que tu deviendras disque de platine.

Moi, quand on me raconte cette histoire, je me pose une question. Duff est-il malheureux artistiquement ou est-il un gros vendu ? Et bien quand j’écoute Appetite For Destruction, je serais tenté de dire, un peu des deux. Parce que j’ai l’impression que le groupe qui sort ça est à la fois dans une démarche super commerciale de faire de la musique rock qui marche, mais aussi que les mecs essaient vraiment de faire ça bien. Du coup, malgré toute la crispation que j’ai à écouter Guns, le disque me semble honnête, pas du tout dans une optique “Born To Be Alive” (on fait ça sans se faire chier parce que c’est ce genre de trucs qui cartonnent).

Malgré ça, l’ensemble reste extrêmement borderline en termes de bon goût, et si je peux tout à fait comprendre le plaisir qu’on peut prendre à écouter un groupe borderline mais efficace, je pense que le corps humain ne peut en tolérer qu’un seul avant de sombrer dans le mauvais goût. Ce créneau est déjà occupé dans mon cœur par Kiss. Chacun le sien.

Dernière chose, l’écoute de ce disque en entier m’a quand même permis de détester Axl Rose encore plus. Non seulement ce type a une des pires voix du rock, mais en plus il le fait exprès ! En effet, il y a des morceaux sur lesquels il chante tout à fait correctement ! C’est comme si Morrissey faisait exprès de chanter comme une chèvre qu’on égorge par pure militantisme végan (ce ne serait pas impossible, tiens…)

Merci quand même de ta suggestion, Rémi. Sinon, tu connais Kiss ?

 

Passi – Les Tentations (1997) : suggéré par Romain

Cher Romain,

Je ne sais pas si tu m’as proposé ce disque pour la blague, ça ne m’étonnerait pas. Toujours est-il que je me suis forcé à l’écouter sérieusement. Qu’en dire ?

Ma culture hip hop est toujours limitée, et en terme de rap français des années 90, au-delà de ce qui passait à la radio à l’époque, je ne connais pas grand chose. Je suis toujours peu réceptif à IAM et NTM, même si je reconnais la qualité de certains morceaux, et les artistes qui à mon goût tiennent le haut du pavé sont Fabe, MC Solaar et ATK. Autant le dire tout de suite, Passi ne leur arrive pas à la cheville.

Balayons quand même les qualités de l’album : Passi a une voix agréable et un bon flow. Du coup, l’écoute n’est jamais vraiment pénible même si le disque est très long. On ne peut que reconnaitre également que le disque est varié en termes de thèmes et de posture. En revanche, pour ce qui est des textes, le rappeur est capable de fulgurances comme de maladresses, avec une moyenne assez proche du passable.

En fait, l’ensemble de l’album pourrait être résumé dans cette phrase. De plus, il souffre d’être le cul entre deux chaises, au minimum, et de n’exceller dans aucun domaine. Car il y a vraiment à boire et à manger, mais rien de très fin, malheureusement.

C’est peut-être dans le registre intime nostalgique que Passi s’en sort le mieux (“79 à 97”, “Tu Me Manques”, une partie de “Le Maton Te Guette”), ou du moins semble le plus honnête. Dans l’ensemble, on sent une volonté de faire du rap pop au sens propre (mais sans la plume de MC Solaar ou les compos de Jimmy Jay) liée à une démarche de rap conscient qui ne fonctionne ni par la pertinence des thèmes abordés, ni par la qualité des textes (bref, loin de Fabe). Certes, les deux morceaux où Akhenaton est en feat (“Le Sang De La Vendetta” et “Le Monde Est À Moi”) sont certainement les meilleurs du disque, mais ce n’est pas spécialement Passi qui y brille. Et surtout, le reste du disque enchaine les clichés (rap de quartier à la Ministère AMER qui s’est bien assagi, rap de queutard, égo-trip…) pour donner à l’album une platitude assez flagrante. Le sommet étant atteint sur “Le Keur Sambo” où Stomy Bugsy vient faire son feat. Un morceau boite de nuit qui ne parle de rien et est à la limite de la parodie involontaire (les Spectres du Bitume ont fait la version ultime de ce type de morceaux).

Je ne sais pas si le titre “Remballe” qui se trouve sur La Rage de Dire de Fabe visait Passi, mais certains vers me sont venus à l’esprit en écoutant Les Tentations. “J’suis content pour toi, ça m’fait plaisir, tu pars de rien/Et quand j’écoute ton disque franchement cousin tu parles de rien” sans oublier “Les deux morceaux pas mal dans ton album ça suffit pas“…

Modest Mouse – We Were Dead Before The Ship Even Sank (2007) : suggéré par Hélène Firesheep

Chère Hélène,

J’ai écouté Modest Mouse dans cette rubrique il n’y a pas si longtemps, et je n’ai pas vraiment été conquis. J’en avais d’ailleurs conclus que je n’étais pas le cœur de cible et qu’il s’agissait d’un disque moyen que j’appréciais moyennement. Mais vu tout le bien que nombre de personnes autour de moi pensent de Modest Mouse (ne serait-ce qu’en ces pages), il fallait bien que je laisse sa chance à un autre album.

J’avoue qu’à la première écoute, j’ai eu envie de cataloguer ce disque comme le précédent dans la catégorie des albums un peu fourre-tout et déjantés où les musiciens jouent de plein d’instruments bizarres, qui assume ses influences diverses parfois un peu limite et où le chant est pour le moins maniéré parfois à la limite du supportable. Et qu’aucun morceau n’a vraiment retenu mon attention.

Cependant, au fil des écoutes, je me suis surpris à apprécier ce disque plus que Good News For People Who Love Bad News et ce pour une raison peut-être complètement à côté de la plaque : cet album me semble être plus un disque à guitare (la présence de Johnny Marr, même si je ne l’ai su qu’après, semble confirmer mes impressions). Du coup, comme on s’éloigne du disco funk qui m’agaçait sur le précédent, j’avoue que j’ai eu plus de facilités à tolérer les maniérismes du chanteur. J’en suis même venu à accrocher progressivement à certains titres, que j’ai trouvé sympa et parfois assez jolis. Merci !

Blackcondorguy

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