Chastity Belt – Chastity Belt

Publié par le 22 septembre 2019 dans Chroniques, Toutes les chroniques

(Hardly Art, 20 septembre 2019)

S’il y a bien quelque chose que j’ai appris grâce à mon immense expérience (rires) dans le journalisme musical (hormis le fait que je ne pourrai jamais en vivre et que DJ Muggs est un gros con), c’est de toujours se méfier des communiqués de presse trop élogieux. « L’album de la maturité », « retour fracassant », « untel comme vous ne l’aviez jamais entendu », j’en passe et des plus ridicules et infondés servis à toutes les sauces. Ces formules se soldent souvent par de cruelles désillusions.
 
Concernant ce nouvel album de Chastity Belt, qu’on n’attendait pas comme le messie, mais avec une légère excitation vu la qualité du précédent, voilà ce qu’on nous vend : « leur disque le plus développé musicalement et nuancé »… Et une fois encore, on tombe de haut !

Aucune révolution dans le son de Chastity Belt : de l’indie pop légère, de jolies mélodies, des voix qui s’entremêlent, des guitares qui tricotent gentiment et parfois de légères embardées noisy pour pimenter la chose (léger le piment, on insiste). Personne ne sera perdu… ni bouleversé. Car, il faut bien le dire, après quelques écoutes distraites où le disque fait office d’agréable fond sonore, on a beau retenter le coup à maintes reprises, bien peu de chansons se démarquent. Des arpèges délicats en ouverture ? On prend (« Ann’s Jam »). Une mignonne ballade mélancolique pour conclure ? On ne crache pas dessus (« Pissed Pants »). Et entre les deux, quelques rares moments où on dresse l’oreille (allez, « Rav-4 » est séduisante et la présence d’un violon s’avère bienvenue).

A part ça, tout se ressemble, rien n’est mauvais, rien n’est fameux, tout est terriblement monotone et tristement anecdotique. Tristement car, encore une fois, son prédécesseur était autrement plus réjouissant (son seul single « Different Now » dessinait immanquablement un sourire niais sur notre visage au bout de quelques secondes). Le communiqué aurait donc pu (dû) se contenter d’évoquer « un groupe d’amies qui s’aiment », « qui ont trouvé une zone de confort », « qui souhaitent avant tout faire de la musique pour elles-mêmes ». Vous nous en voyez ravis mais on aurait aimé qu’elles sortent davantage de cette « zone de confort » et ne se contentent pas de réciter leurs gammes.

Si vous voulez passer de la musique qui ne dérangera personne en soirée tout en entretenant votre indie credibility, pourquoi pas. Sinon, autant vous repasser les précédents albums qui, même quelques années plus tard, ont toujours quelque chose à offrir alors que celui-ci risque d’être très vite oublié…

Jonathan Lopez

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