Bon Iver – For Emma, Forever Ago (Jagjaguwar)

Publié par le 14 décembre 2012 dans Chroniques, Incontournables, Toutes les chroniques

Bon_Iver_-_For_Emma,_Forever_Ago

Justin est un prénom à la mode en musique… Heureusement ceux qui se prénomment ainsi ne sont pas (tous) condamnés à faire de la merde leur permettant de vendre des millions de disques. Certains préfèrent opter pour l’authenticité. Dans ce domaine-là y en a un qui s’en tire plutôt pas mal, c’est Justin Vernon.

« Les histoires d’amour finissent mal en général » disait Mâme Ringer, elle avait pas tort et c’est certainement pas Justin qui va la contredire. En 2007, Justin est un homme blessé au plus profond de sa chair. Tout part en vrille dans sa vie soudainement marquée par le sceau de la lose. Largué par les potes de son groupe DeYamond puis meurtri par le départ d’un être cher à ses yeux, une certaine Emma dont on ne sait rien mais à qui on doit une fière chandelle. Car de ce malheur causé par cette dame (qui avait ptet ses raisons hein ne l’accablons pas) est née une œuvre majestueuse qui emplira de bonheur ceux qui y jetteront une oreille.

Pour soigner son chagrin, le père Vernon (alias Bon Iver) est allé se cloitrer dans sa cabane au fin fond du Wisconsin, a pris sa gratte sèche, s’est posté au coin du feu et a couché sur bandes ce qu’il avait sur le cœur. Et quand on voit le résultat, on dit chapeau monsieur et merci Madame. Sans doute inspiré par son isolement, Justin Vernon est allé puiser au fond de ses sentiments pour y livrer toute son amertume et sa tristesse.

En résulte un disque magnifique. Du folk minimaliste, sans effet de manche mais empli d’émotion. On imagine qu’en composant ses titres et en les interprétant, le père Justin a dû verser quelques larmes. Nous on en pleurerait presque de joie tellement c’est beau. Forcément empreint de mélancolie, il n’est toutefois nullement question ici de sortir les violons et de prendre une voix chouineuse. Non, ce Justin-là est plus malin que ça. Il s’est dit que pour repartir du bon pied (et pour toucher son public), son arme la plus efficace serait la sincérité. Il a eu bien raison.

Dès le magnifique morceau d’ouverture « Flume », la voix haut perchée de Vernon nous touche en plein cœur. Plutôt une renaissance qu’une dépression, cet album donne envie d’aller braver le froid et partir à l’abordage de la vie, en saisir chaque instant. Le désespoir ne l’emporte jamais sur la petite lueur comme sur « Lump Sum » qui hausse le tempo et se veut chaleureuse ou sur la splendide « Skinny Love » qui serait presque jubilatoire. Même « For Emma » qu’on aurait pu craindre mielleuse à souhait, est finalement colorée et enthousiasmante avec le renfort de cuivres subtils.

Ne vous méprenez pas, vous n’y trouverez évidemment pas de tubes de l’été sur lequel se trémousseront plein de pétasses en bikini à Ibiza (en même temps, qui aime écouter ces merdes ?).

Mais pour cet (h)Iver, c’est le disque idéal. Blasés de votre boulot harassant, de ce froid qui vous les brise menu, de cette fin du monde qui approche ? Calez-vous au coin du feu ou blottissez-vous sous la couette, faites-vous un gros chocolat chaud et réchauffez-vous le cœur en écoutant Bon Iver. Et dites merci à Emma.

 

JL

 

Écoutez “Skinny Love”

 

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