Blur – The Magic Whip (Parlophone)

Publié par le 1 mai 2015 dans Chroniques, Toutes les chroniques

blurPendant longtemps, j’ai eu une affection particulière pour l’album Think Tank, dont j’aime l’ambiance et la mélodie accrocheuse d’« Out Of Time », « Crazy Beat » et son riff agressif, ou bien « Jets » à la basse énorme et roue voilée en fonds sonore. Bref, j’aime bien ce disque, d’autant que c’était le dernier album studio de Blur, groupe majeur de la Britpop durant deux décennies.

Le dernier album jusqu’au 27 avril, puisque l’hyperactif et boulimique Damon Albarn et ses acolytes Graham Coxon (guitar hero de service), Alex James (basse) et Dave Rowntree (batterie) ont décidé de remettre le couvert, rompant ainsi douze années de silence studio. Parenthèse mise à profit pour de multiples projets, surtout pour l’ami Damon. Entre les albums de Gorillaz (4 au compteur), son super groupe The Good, The Bad And The Queen avec Paul Simonon (ex-bassiste de Clash), son projet solo Everyday Robots, ses délires d’opéra (Monkey To The West, Dr Dree), etc…il n’a pas chomé.

Alors, que contient ce coup de fouet magique, ce cornet de glace lumineux encadré d’idéogrammes chinois ? Oui, car cet album a été mis en boîte, en tout cas les ébauches des chansons qui le composent, dans un studio d’enregistrement pourri de Hong Kong. Quelques journées de libres dans leur agenda, lors d’une tournée en 2013, à la faveur d’un concert annulé à Taipei. Cette première base a été peaufinée ensuite par le maître à jouer Graham Coxon à Londres, assisté de leur ancien producteur de retour aux manettes.

En ouverture du disque, le très Blury « Lonesome Street » nous entraîne sur des terrains familiers mais ce single est bien trop simple et roublard pour préfigurer du reste du disque, car The Magic Whip est un disque très sophistiqué, si ce n’est le plus sophistiqué de tous leurs albums. Très fouillé au niveau des arrangements, que ce soient guitares, claviers ou voix. Peu de titres percutants et immédiatement « dansants », et l’on peut se demander quel traitement sera fait de ces titres en concert. Challenge intéressant.

Après cette entrée en matière facile, on s’aventure très vite vers des contrées plus sombres et moins accessibles : « Go Out » sur laquelle Coxon prend un malin plaisir à torturer sa gratte, « Pyongyang » menaçante digression sur le régime nord-coréen sur laquelle Albarn chante merveilleusement, ou la longue divagation « Thought I Was A Spaceman » qui s’élance timidement, avant qu’elle ne prenne l’ampleur espérée.

Les ballades ne sont pas en reste. Joli moment de grâce sur la rêveuse et éthérée « New World Tours », sur laquelle les guitares hargneuses sont remisées pour laisser place à une mélodie envoûtante. Damon Albarn joue les baladins malicieux sur cet « Ice Cream Man » aux synthés facétieux et cordes (basse, guitares) acoustiques et chaleureuses ou bien la groovy baby « Ghost Ship » qui invite à la balade dans Hong Kong. Les influences asiatiques (claviers, cordes) sont bien présentes sur quelques titres.

Au final, ce disque est un collage sonore très réussi, style auquel ils nous ont habitués sur les précédents disques, plus proche d’un Think Tank et moins percutant qu’un Parklife. Signe de leur maturité musicale. En tout cas ce qui est réjouissant, c’est le grand retour des mélodies que Damon Albarn avait totalement oubliées sur son album solo. Après plusieurs écoutes, ces mélodies invitent l’émotion, et le constat est facile, il s’agit d’un grand disque de Blur, adulte et maîtrisé. N’y manque peut-être que le grain de folie, que l’on retrouvera sûrement sur scène, c’est ce que l’on espère tous.

Merci pour ce coup de fouet.

 

El Padre

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