Battle psyché US : Roky Erickson vs Sky Saxon

Publié par le 29 janvier 2020 dans Playlists, Thèmatiques

Il y a des choses dans la vie qu’on reporte encore et encore. En ce qui me concerne, découvrir les discographies solo des deux anciens leaders de groupes psychédéliques cultes, par ailleurs trop tôt disparus, j’ai nommé Roky Erickson (ancien 13th Floor Elevators) et Sky Saxon (ancien Seeds). Alors, voici, en 5 morceaux chacun, ce qui émerge après une première passe, sans doute un peu superficielle, sur le travail de ces deux légendes. Première constatation, Roky peut clamer des productions relativement plus professionnelles que Sky, le côté impro de ce dernier ne serait pas passé avec certains producteurs. Ensuite, en terme de volumétrie de production, notre ami Roky, pourtant encore très loin d’une logorrhée musicale, prend l’avantage. Par ailleurs, les innombrables groupes et appellations du Sky “solo” le desservent forcément pour ce critère quantitatif. Enfin, au jeu de qui est le plus perché et n’a toujours pas atterri depuis 67, Sky Saxon s’impose largement en apparence, même si son challenger dans la catégorie est un schizophrénique notoire, d’ailleurs passé par les électrochocs et ayant souffert de visions hallucinatoires, vampires et autres créatures faméliques entre autres, pendant de nombreuses années.

Alors, voici pour commencer, 5 pistes fabuleuses de Mr Roky Erickson, tirées de trois LP (Evil One, Don’t Slander Me et All That May Do My Rhyme) :

1. “Two Headed Dog” (The Evil One, 1987) : c’est rock, c’est bien foutu, c’est jouable sur les ondes (sans être FM quand même). Roky E. a la voix des bons jours. En tendant l’oreille, on entend des cris déments, à moins que ce soient des cris de gremlins… Bonne entrée en matière !

2. “Night Of The Vampire” (The Evil One, 1987) : choisissez plutôt cette version que celle de Gremlins Have Pictures pour un Roky qui s’égosille, nous prévenant d’un danger imminent et nous fait un début de “bridge” avec l’accent transylvanien. Les synthés et les grattes font bien 80’s, pour le charme supplémentaire…

3. “Burn The Flames” (Don’t Slander Me, 1986) : j’adore ! Roky parle plus qu’il ne chante. Il a l’air plutôt sobre sur ce coup-là, ce qui ne rend son propos que plus jouissif. Au passage, un petit solo de gratte des familles qui déchire bien et fait passer un peu les 6 minutes du morceau, longueur qui dénote dans un album assez rock et qui va à l’essentiel (il contient notamment les deux hits en puissance, “Dont Slander Me” et “Bermuda”, mais autant sortir un peu des sentiers battus, n’est-ce pas ?).

4. “Can’t Be Brought Down” (Don’t Slander Me, 1986) : pour moi, la marque de fabrique du père Roky post-13th Floor, à savoir un frontman qui s’éclate les cordes vocales avec, derrière, un bon band de fans qui nous maintient son mid-tempo et suit le “padre” à la baguette pour nous emmener à gauche à droite, et dans le cas présent, dans des flash backs “old school”.

5. “Starry Eyes” (All That May Do My Rhyme, 1995) : ici aussi, d’autres versions existent mais je préfère finir ce petit listing avec un brin de nostalgie en écoutant une version de 1995, un Roky vieillissant, peut-être apaisé, poussant la chansonnette avec une certaine Lou Ann Barton. On t’aime Roky, et tu nous manques !

Voici à présent l’inénarrable, l’unique, le très attachant Sky Saxon qui m’a demandé un peu plus de travail vu sa disco un peu “éclatée” :

1. “Fools On Capital Hill” (Red Planet, 2004) : oui, il s’agit d’une erreur sur le disque lui-même, il faut lire Capitol Hill avec un “o”. Capitol Hill, les autorités américaines, le gouvernement. Sky nous la fait social et défense des opprimés. C’est suffisamment rare pour le noter, Sky étant généralement à des années-lumières de toute considération terrestre. Puis, musicalement, c’est super catchy.

2. “Little Red Book” (Transparency, 2005) : j’adore ! Déjà repris par Love, voici la version de “My Little Red Book” (sans le “my” ici) qui offre une tribune rêvée à Sky pour une longue divagation acide. Les backing qui ont l’air tout petits à côté, reprennent, la queue entre les jambes, quand Sky s’aventure vraiment trop loin du vaisseau.

3. “Uncertainty” (Red Planet, 2004) : fuzzzzzzzzzzz pour démarrer, un track full garage, le farfisa à fond, les “Hey!” derrière, le tambourin, tout y est !

4 et 5. “In Love With Life” et “Starry Ride” (Expression EP, 1977) : un des très nombreux groupes de Sky, parfois appelés Stars New Seeds, parfois Sky & The Starry Seeds ou autres… Peu importe. Rock assez dur, ils me font penser à Sonic’s Rendez-Vous Band ou à Destroy All Monsters, pour rester dans les carrières solo d’artistes issus de groupes légendaires.

Alors, heureux ? Pour ma part, je trouve les carrières solo de Roky Erickson et de Sky Saxon bien plus intéressantes que beaucoup d’autres. Je donnerais Roky Erickson gagnant de cette battle pour la profondeur plus importante de sa disco, son côté moins anecdotique, moins remplissage, travers qui guette parfois notre ami Sky Saxon. Mais je parle, je parle, il est temps pour moi de retourner me plonger dans la vie et l’œuvre de nos légendes disparues en 2009 pour l’un (Sky Saxon) et 2019 pour l’autre (Roky Erickson).

U.S. PSYCH RULES!!

Manu

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