Dans le bac d’occaz #20 : The Cramps, Beck, Jay Reatard

Publié par le 4 novembre 2017 dans Dans le bac d'occaz

Chaque mois BCG plonge pour vous dans le bac d’occaz en écoutant des albums indispensables selon un journaliste musical, un oncle cool ou encore un ami mélomane. 30 ans (de 1977 à 2006), 30 disques. Chaque mois 3 albums de cette liste, écoutés au moins une fois par semaine. Les albums sont regroupés par le dernier nombre de leur année de sortie (1986-1996-2006, 1977-1987-1997, 1978-1988-1998, et ainsi de suite).*

Dans le bac d’occaz #20 : les années en 6

1986 : The Cramps – A Date With Elvis

Les Cramps et moi, c’est encore une longue histoire. Disons que je n’ai rien contre eux, rien du rejet que j’éprouve pour la musique synthétique ou le post-punk, mais je n’ai jamais accroché plus que ça non plus. L’admiration sans borne de mes collègues de Voix de Garage n’y a rien fait. Ces choses-là, c’est subjectif.

Bon, et objectivement ?  Déjà, le bon côté des Cramps, c’est qu’en plein cœur des 80s, on n’y entend pas une once de mauvais goût typique de l’époque. Ensuite, on ne peut que reconnaitre leur rôle de passeurs, en piochant à fond dans le répertoire obscur du garage 60s et le rockabilly 50s. Enfin, leur son bordélique, sûrement hérité du garage, a dû marquer  des groupes comme The Jesus And Mary Chain. En plus, on ne peut pas leur reprocher de faire des morceaux bruitistes inaccessibles, puisque A Date With Elvis est peut-être l’album le plus pop du groupe, dont les refrains se reprennent assez facilement. Il n’y a donc rien à redire sur la qualité ou l’intérêt du groupe, ni de ce disque-là, d’ailleurs. Et malgré ça, je n’adhère toujours pas plus que ça. Ces choses-là, c’est subjectif.

1996 : Beck – Odelay

J’avais un peu peur que Beck me fasse le même effet que Eels, c’est à dire que malgré le respect pour le style, l’originalité et la productivité de l’artiste, je craignais de rester un peu hermétique sur la longueur d’un disque. Dans les faits, pas tellement. Odelay est très accrocheur, avec une belle entrée en matière, “Devil’s Haircut”, et un certain nombre de titres qui relancent régulièrement le plaisir d’écoute : “Novacane”, “Where It’s At”, “High Five” ou Diskobox”.
La formule ne change pas trop de ce que je connaissais de lui, à savoir Mellow Gold, c’est-à-dire un mélange de rock slacker et de gros son avec des beats hip hop, des mélodies accrocheuses et un chant qui mélange un peu les deux. En revanche, la formule est ici super efficace, et la patte de Beck suffisamment originale pour ne pas qu’on se lasse. Mention spéciale pour “Minus”, avec sa superbe intro à la basse.

Au final, j’avoue que l’album m’a parfois paru long, mais l’un dans l’autre son écoute reste un moment plutôt cool à passer, et son succès est tout à fait mérité. Comme le dirait notre collègue M.A, c’est un disque que je n’écouterai pas très souvent, mais que je trouverai cool à chaque fois.

2006 : Jay Reatard- Blood Visions

Jay Reatard est la légende tragique du rock indé des années 2000, du coup il était difficile de juger sa musique sans passion à l’époque où il était un petit génie qui allait devenir énorme et encore moins après sa mort prématurée. Je m’en étais donc bien abstenu. 7 ans plus tard, je découvre donc à rebours ce Blood Visions la tête froide et je suis plutôt convaincu.
En termes de musique, on est évidemment en plein dans le garage rock fuzzé mais avant que la scène de San Francisco n’exploite le filon jusqu’à l’écœurement, et avec un côté beaucoup plus punk. Quand on connait le lien entre Jay Reatard et les Oblivians, cela n’a rien d’étonnant. Ce qui l’est, en revanche, c’est de sentir une influence punk anglais (“Death Is Forming” ou “I See You Standing There” qui rappelle pas mal les Buzzcocks). Non pas qu’il fasse ça mal, force est de reconnaitre qu’il bat même sur ce terrain des vrais groupes anglais comme les Libertines, mais c’est certainement l’aspect de sa musique avec lequel j’ai le moins accroché.

En revanche, dans l’ensemble, on retrouve à la fois sur ce disque un beau bordel de guitare et des mélodies bien troussées, ce qui prouve que Jay Reatard n’avait pas usurpé son statut de futur grand. En plus, les morceaux sont courts, ce qui fait que le disque ne traine pas en longueur malgré ses 15 titres, et la deuxième partie m’ayant globalement plus marqué que la première, c’est un vrai plaisir de l’écouter jusqu’au bout. La chanson qui m’a le plus plu est “Nightmares” qui, bien que certainement le titre le plus pop, fonctionne parfaitement, laissant entrevoir les merveilles que Reatard aurait pu faire dans ce registre. Tragique.

BCG

*Rendons à César ce qui lui appartient, cette rubrique a été fortement inspirée – ou littéralement pompée, c’est selon – par l’initiative d’un certain Machete83 sur le passionnant forum de l’indispensable site/bible du rock indé xsilence.

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