Dans le bac d’occaz #12 : The Jam, The Church, Shellac

Publié par le 5 mars 2017 dans Dans le bac d'occaz

Chaque mois BCG plonge pour vous dans le bac d’occaz en écoutant des albums indispensables selon un journaliste musical, un oncle cool ou encore un ami mélomane. 30 ans (de 1977 à 2006), 30 disques. Chaque mois 3 albums de cette liste, écoutés au moins une fois par semaine. Les albums sont regroupés par le dernier nombre de leur année de sortie (1986-1996-2006, 1977-1987-1997, 1978-1988-1998, et ainsi de suite).*
 

Dans le bac d’occaz #12 : les années en 8

 

1978 : The Jam – All Mod Cons

En voilà un que je n’avais jamais trop compris et que j’espérais enfin comprendre avec un peu plus d’attention. Et bien non. Ce que j’ai compris, c’est que c’est du sous Clash de la même époque, encore un peu punk, notamment dans le chant, déjà un peu 80s avec une prod bien sage qui frôle le mauvais goût. Pas du tout post-punk, on peut au moins leur reconnaitre ça, et une vocation pop sensible, mais des compos bien trop anecdotiques pour que ça fonctionne vraiment. Le meilleur morceau du disque est une reprise des Kinks, moins bonne que l’originale. Voilà.

Bon, sinon je trouve quand même que “English Rose”, la ballade pas trop assumée s’en tire avec les honneurs, en étant peut-être la composition originale la plus marquante de l’album, et que la face b est quand même globalement meilleure que la face A.

Dans l’ensemble, malheureusement, c’est un de ces nombreux disques où des musiciens anglais tentent de revisiter leur riche patrimoine pop en espérant au passage rallumer la flamme de leur âge d’or, sans jamais vraiment y parvenir. À la limite, je préfère encore écouter les Clash de la même époque. C’est dire…
 

 

1988 : The Church – Starfish

Curieux, ce disque. Enfin, pas tellement, on est dans de la pop 80s assez classique, ce que les pointus appellent “dream pop”. Ce qui est curieux, c’est que même si on est dans un style musical, une période et un son que je devrais typiquement détester, là, ça passe. Sans dire que j’adore ce que j’entends, ni que je vais me mettre à l’écouter en boucle, je dois reconnaitre que les compos sont plutôt bien foutues, avec des structures surprenantes (ne serait-ce que le “Destination” d’entrée) tout en étant accessibles et mélodieuses. En fait, je trouve dans ce disque tout ce qu’on m’a dit des Smiths et que je n’ai jamais entendu en les écoutant, une pop originale, accrocheuse mais sophistiquée, directe et classe ; et sans l’horrible voix de chèvre crevée de l’autre veggie-facho.

Je connaissais déjà “Under The Milky Way”, que je tolérais grâce à Donnie Darko et qui est en fait une indéniable bonne chanson. Idem pour des titres comme “Reptile” ou “Spark”. En fait, je pense clairement que si Starfish n’avait pas une prod aussi marquée de son temps, ce pourrait être un album que j’aime. Et ça, finalement, c’est beaucoup dire du travail de The Church, qui comme leurs compatriotes australiens semblent avoir la capacité de capturer l’essence d’un mouvement musical et d’en faire quelque chose de clairement au-dessus du reste. Je pourrais vous citer The Saints, Radio Birdman ou The Scientists, par exemple. C’est à se demander si des groupes comme Silverchair sont vraiment australiens !
 

 
1998 : Shellac – Terraform

Voilà un nouveau disque d’Albini après celui du mois dernier, et étonnamment – puisque j’étais persuadé de préférer Shellac à Big Black – je pensais l’aimer plus que ça. Évacuons d’emblée les évidences, c’est du rock minimaliste, noisy, viscéral, jusqu’au-boutiste, parfaitement exécuté, une démarche artistique globale réalisée au millimètre, et de ce fait on ne peut pas vraiment critiquer cet album d’un point de vue objectif, puisque je pense que ce qui ne me plait pas est parfaitement voulu. Ceci dit, commencer un disque par un morceau de 12 minutes tenant sur un seul riff avec des variations minimales (“Didn’t We Deserve A Look At The Way You Really Are”), c’est clairement trop pour moi. Surtout quand on remet ça quasiment en fermeture, cette fois avec presque 8 minutes de “House Full Of Garbage”. Heureusement qu’à côté de ça, le reste des compos est plus direct et incisif, avec une mention pour le “Copper” final, une tuerie pure et simple, que je prendrais malheureusement plus de plaisir à écouter isolée.

Dans l’ensemble, je reconnais et respecte la démarche irréprochable de Shellac, et le fait qu’ils annoncent très clairement la couleur, mais comme pour Big Black, cet album n’est pas à mettre entre toutes les oreilles, ni à écouter n’importe quand. Ce qui ne l’empêche pas de faire plus violent que n’importe quel groupe de blackdeathpagan metal ou de grindbrutaldeathcore, avec plus d’intelligence et de talent.
 

BCG

*Rendons à César ce qui lui appartient, cette rubrique a été fortement inspirée – ou littéralement pompée, c’est selon – par l’initiative d’un certain Machete83 sur le passionnant forum de l’indispensable site/bible du rock indé xsilence.net.

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