Babyshambles – Down In Albion (Rough Trade)

Publié par le 27 octobre 2012 dans Chroniques, Incontournables, Toutes les chroniques

 

album-down-in-albionCe bon vieux Pete est un peu aventureux sur les bords, jamais contre les expérimentations en tout genre. En 2003, après s’être fait lourder des Libertines par Carl Barât le co-leader, pour avoir expérimenté avec un peu trop d’insistance les effets (et méfaits) de la dope, il se dit que c’est l’occase de se lancer dans un nouveau projet.

Il fonde alors les Babyshambles et en guise de vengeance… cambriole son ancien acolyte ! Il fera un détour par la case prison puis désintox. Instable le Pete ? Légèrement oui… Durant cette période, il se réconcilie avec Barât, réintègre les Libertines et sort un second album éponyme. Entre temps, le single “Baby Shambles” a été publié par les Baby. Les Libertines se sépareront définitivement en décembre 2004, ce qui fut comme le vrai signal du lancement des Babyshambles.

Après quelques atermoiements au niveau de la formation, notamment au poste de batteur (ah ces batteurs toujours la galère…), le line-up se stabilise début 2005. Pete Doherty est à la gratte et au chant, Patrick Walden tient l’autre guitare, Drew McConnell à la basse et Adam Ficek est l’heureux élus derrière les fûts.

Voyons ce qu’a dans le ventre ce Down In Albion. Si vous n’avez jamais entendu parler de la perfide Albion, sachez qu’Albion est un terme ancien pour désigner l’Angleterre, chère contrée de Sir Doherty. C’est également lui qui s’est chargé de la pochette.

Dans “La Belle et la Bête”, Pete partage le micro avec sa belle du moment, Kate Moss. Le riff simple est des plus entraînants. Kate s’inquiète “is she more beautiful than me ?” Mais non Kate t’es la plus belle !

Libéré de ses obligations avec les Libertines, Pete se lâche et s’éclate comme un jeune premier. On a l’impression qu’il livre un album personnel, c’est incontestablement lui le maître du navire. A la production, un certain Mick Jones, guitariste mythique des Clash. Et ça se sent. Une vraie énergie Rock’n’Roll, limite punk par moments, se dégage du disque. Le tout associé à une fraiche insouciance.

Impression confirmée par “fuck forever”, pur moment de rock qui pulse et qui ne se pose pas de question. Le titre porte d’ailleurs bien son nom, la bande à Doherty n’en a pas grand chose à carrer de ce que penseront les critiques et esthètes du son, ils veulent juste prendre leur pied. Comme si le disque avait été enregistré en une prise, brut. Tant pis pour les approximations au niveau du chant, le côté désordonné qui règne en maître.

On retrouve ce côté fougueux et réjouissant sur “Pipedown”.

Mick a dû souffler à Doherty que les expérimentations en terre reggae avaient du bon, et ce “Sticks and Stones” très cool confirme que Pete a plus d’un tour dans son sac.
“Kilimangiro”, qui sonne très Libertines, est extrêmement exaltante. “8 Dead Boys”, un des meilleurs morceaux, respire le punk.

Tout n’est pas parfait évidemment. Après ce formidable enchaînement, on baisse d’un ton. “In love with a feeling” est gentillette mais guère bouleversante. Quant à “Pentonville”, elle fait un peu penser au gars sympa qui nous joue un morceau autour d’un feu. Ben ce gars sympa il a tellement plus à Pete (surement trop raide) qu’il lui a demandé de rechanter le morceau sur son disque… Du coup ça sent un peu les chamallows grillés.

“What Katy Did Next” fait suite à “What Katy Did”, morceau phare des Libertines. Celui-ci dédié à Kate Moss, décidément très à l’honneur sur ce disque, est moins mémorable mais son aspect joyeusement nonchalant est assez contagieux.

Sur “Albion”, Pete chante superbement son amour pour son pays. Le mec le plus destroy du rock actuel sait aussi faire étalage d’une vraie sensibilité. Il nous prouve aussi qu’on l’a tous enterré trop vite (“back from the dead”). Malgré quelques moments de faiblesse, le disque tient la route jusqu’au bout.

En dépit d’un côté bordélique, inégal (mais est-ce vraiment surprenant de la part de Doherty ?), on passe quand même un très bon moment avec ce “down in Albion”. Alors forcément, cela ne plaira pas à tout le monde, certains verront cela comme une part de fainéantise, le sentiment que Pete et sa bande ne se sont pas foulés.

Son principal défaut est peut-être d’être un peu trop long. Pete n’a pas le sens du business, il aurait dû laisser quelques morceaux qui font un peu face B de côté pour les ressortir lors de la réédition anniversaire de l’album…

JL

 

Écoutez “Fuck Forever”

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